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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 21:51

Acheter INDIANA TOM

 

Parce que le site de TheBookEdition, où vous pouvez commander le bouquin, le présente assez mal, je poste ici le premier chapitre de INDIANA TOM, en guise d'extrait.

 

Résumé:

"Thomas Rougon ne connaît rien à la diplomatie. Il ne connaît rien à l’Inde non plus. C’est pour meubler son CV qu’il accepte, en fin d’études, un stage à l’ambassade de France de New Delhi, avec une mission : aider à l’organisation de la visite officielle du Président de la République.

De gaffes en aventures il va découvrir les codes du monde diplomatique et la magie de ce pays des merveilles qu’on appelle « le sous-continent indien »."



 

Chapitre 1. Le Voyage

 

février 2006

 

Une valise à roulettes cassées, un grand sac à dos, deux cartables et un sac poubelle, Thomas titube dans le hall de l’aéroport. Il emporte avec lui des habits neufs, dont un costume et une cravate avec le nœud déjà fait ; sa trousse de toilette, remplie de médicaments achetés par sa mère ; son ordinateur portable, bien garni en jeux vidéos et de gros bouquins, dont le lourdissime « Mahabarata » qu’il maudit en traînant le dernier de ses baluchons. Songe-t-il alors que ce sacrilège lui vaudra le courroux des Dieux ?

 

« J’avoue que non. »

 

Sans s’attarder davantage, Thomas grimpe dans un avion affrété par Jet Airways, ou ce qu’il y a de plus moderne en termes de compagnies aériennes indiennes. Le vol durera moins longtemps que celui qu’il avait pris naguère, pour les Etats-Unis, mais la destination est autrement plus exotique. Thomas est incapable de se la représenter. Tandis que les réacteurs avalent les kilomètres, il ressasse les différents témoignages collectés avant son départ : l’Inde, mais comment c’est ?

- Oh c’est magnifique ! Tu vas vraiment te plaire là-bas ! C’est vraiment-vraiment beau et tout le monde est si gentil ! Oh et puis tu vas faire du rickshaw c’est vraiment bien !

Comme ça lui paraissait un peu confus Thomas avait demandé à Madame Husson, sa prof’ de « hindi » et de « Civilisation indienne », de bien vouloir approfondir.

- Ah c’est difficile ! Je peux pas te dire, c’est tellement magique comme pays ! Ce qui est sûr c’est qu’on n’y reste pas indifférent. Mais tu vas aimer tu vas voir ! Oh, comme tu as de la chance ! répondit-elle en trépignant d’excitation, ce qui fit sonner les miroirs en plastique cousus à sa robe et les petites perles de ses colliers bruns. 


- L’Inde ? C’est dur. 

Chantal aspira une grande bouffée de tabac en tirant sur sa cigarette, ce qui fit lentement remonter l’extrémité intérieure de ses sourcils jusqu’au milieu de son front. La mère de Sophie (la plus proche amie de Thomas) fait toujours ça quand elle répond à leurs questions.

- Tu pars combien de temps ? Six mois ? demanda-t-elle en recrachant la fumée. Six mois c’est dur. Tu as déjà voyagé dans un pays du sud ? 

- Non. Mais pourquoi c’est si dur ? 

- Mais parce que, sa voix passa soudainement du grave à l’aigu, les gens vivent dans une misère totale là-bas, totale ! 

- Euh… C’est-à-dire ? 

- Eh bien c’est-à-dire que tu vois tous ces petits gosses qui jouent tout nus dans le caniveau ; les lépreux (oui, des lépreux !) qui s’accrochent à toi pour te demander de l’argent… Et puis juste à coté il y a ces grands hôtels où se rendent les riches Indiens en enjambant parfois les corps dénudés des mourants qui gisent sur le trottoir… Dans l’indifférence la plus totale ! Ah non, moi ça me fout le cafard, c’est vraiment très dur. 

- Tu y es allée souvent ? 

- Jamais, mais Sylvain m’a raconté. 

 

- Ah ! C’est toi qui pars en Inde bientôt ? La prof m’a prévenue, y a pas de ‘blème, assieds-toi. Qu’est-ce que tu voulais savoir ? 

- Merci. Eh bien… Rien de particulier, je cherche seulement à me faire une idée avant le départ. 

- Alors en Inde y a un mot que tu dois savoir… 

Son fauteuil à roulettes glissa jusqu’au bureau. L’assistante piqua un stylo à son voisin en plaisantant (l’ambiance était plutôt détendue à l’institut de géographie de la fac de lettres) et sur un post-it elle écrivit « CHALE ! ».

- Ca veut dire « Casse-toi ! » tu vas t’en servir sans arrêt. Faut que tu saches qu’en Inde, des Indiens, y en a partout, même quand tu les vois pas. Je me rappelle une fois au Kerala , je m’étais cachée derrière un buisson pour mouler un bronze et là, qui je vois qui m’observe planqué dans les fourrés ? Un Indien, tranquille, qui se faisait plaise à me mater. Je te préviens au cas où. A part ça tu vas voir, les Indiens, ils prennent leur temps. Ah ça, ils sont cools les Indiens ! Chaque jour a sa tâche mais pas plus : ils vont dou-ce-ment. Y a aussi un truc qui est sûr c’est que tu vas chopper la chiasse, ça c’est certain, personne n’en réchappe. Alors bien entendu, bois pas l’eau du robinet… Putain ! Ca me rappelle une fois, j’étais vraiment limite : je suis sortie du bus comme une fusée, zooouuuuuuu ! J’ai poussé tout le monde dans la queue pour les toilettes ! Ah non mais j’aurais tué hein, j’aurais tué !! 

 

- Bon ben Tom, bon voyage ! 

- Merci pour tout So’ ! Donc c’est bon t’es sûre que ça te dérange pas de t’occuper de Lebowski (le chat du voisin que Thomas suspecte de malnutrition) ? 

- J’irai pas jusqu’à dire que ça me fait plaisiiir, fit-elle en laissant siffler la salive sur le coin de ses lèvres et tout en relâchant son étreinte, mais bon, je fais ça pour toi hein ! Tu donnes des nouvelles, tu nous reviens entier ! Sylvain, mon frère, il y a passé trois mois et il a fait une dépression qui en a duré six à son retour. 

- Sérieux ?! 

- Oui, il vomissait à la vue d’un supermarché. Mais bon, lui était infirmier dans une ONG humanitaire au Cachemire , pas stagiaire à l’ambassade de France. T’inquiète pas, tu vas voir, tout va bien se passer.

 

*

 

La tête appuyée contre le hublot, Thomas met ses heures de vol à profit pour lire un bout du « Mahabarata ». Il s’agit d’un texte sacré de l’hindouisme, une sorte d’Iliade indienne racontant les déboires de deux familles ennemies tout en posant des dogmes religieux. Le récit est si long que quiconque en achève la lecture est promis au Nirvana, à la libération de l’âme. Malheureusement pour la sienne, Thomas cède aux appels de l’écran vidéo incrusté dans le siège de devant. Il s’y joue des « bollywoods » dont l’histoire, toujours la même, est celle de deux amoureux et des obstacles qu’ils surmontent inévitablement au bout de cent quatre vingt minutes de danses traditionnelles et de chansons. Thomas pourrait appuyer sur pause à n’importe quel moment pour figer l’action sur une image semblable aux immondes posters bariolés de sa sœur. Il préfère bientôt piquer un somme.

Pour s’endormir, Thomas révise ses leçons de hindi : efficacité garantie. Ses rêves l’emmènent quelques mois en arrière, lorsqu’il avait consenti à intégrer le « Master de Négociation Internationale » de la faculté de lettres, faute de mieux. Il s’y était pris tard pour les inscriptions et s’était accommodé de la seule option encore disponible : « spécialité - aire indienne ». S’en étaient suivies des semaines de cours magistraux et autres travaux dirigés lors desquels il avait appris que les « Indiens » ne sont pas tous des « hindous » ; qu’il existe en Inde un système de castes divisant la société en strates héréditaires ; que le Taj Mahal n’est pas un palais mais un tombeau ; que New Delhi est la capitale de l’Inde et qu’elle est accolée à Delhi-tout-court…

 

« J’étais au courant pour les vaches. »

 

Cette formation achevée, il manquait à Thomas un stage afin de valider son diplôme : c’est alors qu’intervint le Ministère des Affaires Etrangères, répondant positivement à la candidature hasardeuse de Monsieur Thomas Rougon dont il avait un besoin urgent à l’ambassade de France en Inde, dans le cadre de la préparation de la visite officielle de Monsieur le Président de la République française.

 

*

 

Quand Thomas débarque à l’aéroport de Bombay, il a l’estomac gonflé d’un cocktail confus d’appréhensions et d’excitations que mélange une grande louche de curiosité. Tout bien considéré, c’est la première fois qu’il voyage seul… En Inde, et dans l’énigmatique objectif « d’accueillir le Président de la République », en plus ! Mais Thomas est résolu, il est prêt à en découdre depuis des mois. Il a le sentiment qu’il va gagner ses galons d’aventurier avec ce voyage, voire de héros national si son stage se passe bien. A quand sa première épreuve ? Sans doute lorsque l’hôtesse d’accueil lui annonce que ses billets n’autorisent pas le transit pour Delhi, la précédente hôtesse lui ayant retiré le bon billet lors de son étape à Londres. Thomas soupçonne une arnaque organisée. Il peste en déboursant cet argent si difficilement soutiré à son père. Ses bagages, eux, continuent de voyager grâce au billet manquant : parfois le papier est plus fort que la logique. A peine a-t-il son nouveau billet en main que l’hôtesse d’accueil lui annonce que l’avion décolle de l’aéroport national, « the other one » donc, où elle doute qu’il puisse arriver à temps. Etrangler quelqu’un peut prendre d’une à deux minutes. Thomas n’en a plus une seule. Flanqué d’un pousseur de chariot qu’il n’a pas sollicité et dont l’insistance est aussi lourde que la charge, Thomas court d’une extrémité de l’aéroport à l’autre en passant par les étapes « changer de devise » ; « acheter le ticket prépayé du taxi » ; « trouver le taxi ». Une fois installé dans le taxi dont l’immatriculation correspond à son ticket prépayé, et tout en reprenant le souffle perdu lors de sa course folle, Thomas accède à ce qui lui paraît être un niveau respectable de sérénité bouddhique : le chauffeur, appuyé contre sa voiture, les yeux mi-clos comme au réveil, analyse longuement le papier que son passager lui tend et sur lequel est inscrite la destination vers laquelle il souhaite se rendre DE TOUTE URGENCE. Ayant accepté l’idée qu’il va rater l’avion, un rire nerveux de désespoir monte aux lèvres du voyageur.

 

« On m’avait tellement prévenu… »

 

Le chauffeur se laisse le temps de la réflexion, puis, en traînant les pieds, s’en va trouver un groupe de ses collègues qui discutent à deux places de parking de là, vraisemblablement pour demander la direction. C’est le groupe entier qui revient vers la voiture. Ils bavardent en hindi, Thomas est capable d’identifier la langue sans la comprendre. Plus loin, un bonhomme se promène à pas contenus, il est hélé par la petite assemblée. Le bonhomme la rejoint pour échanger quelques blagues, et à la grande surprise de Thomas, s’installe à la place du conducteur.

Alors qu’ils commencent leur course au ralenti dans le taxi jaune, noir et vert dont c’est miracle que les portes aient survécu au démarrage, Thomas regarde autour de lui : des vieillards à la peau mâte et burinée, fournis de barbes blanches dont les plus longues touffes leur descendent aux genoux sont allongés en désordre sur les trottoirs, à l’ombre des arbres. Le matin n’est guère avancé mais il fait déjà très chaud, et Thomas a écrasé avec inquiétude son premier moustique à la sortie de l’avion, sur le tarmac, évitant ainsi de justesse la contamination au paludisme. La conduite de son chauffeur est ce qu’il y a de plus brut, de plus pur. Le code de la route s’écrit sous ses yeux : à l’encre klaxonne. D’ailleurs c’est simple, il n’y a même pas de signalisation ! Les conducteurs klaxonnent quand ils démarrent, quand ils freinent, quand ils s’arrêtent… Souvent par mégarde ou lorsqu’ils ouvrent leur fenêtre… Ou encore quand ils sont contents, ou tristes. Peut-être aussi par inquiétude lorsqu’ils veulent vérifier que leur klaxon fonctionne toujours ? Bref, ils klaxonnent tout le temps, et les piétons intrépides qui traversent la route s’en remettent à l’ouïe pour ne s’en sortir qu’au centimètre près mais toujours sans inquiétude, comme s’il n’était pas envisageable qu’un véhicule les percutât.

Le taxi traverse des bidonvilles. Les gens y ont l’air heureux (en particulier les enfants) quoiqu’évidemment pauvres. Ils vont pieds nus ou mal habillés mais il fait chaud, beau, certains jouent à des jeux de société, d’autres font la sieste… A aucun moment Thomas ne se surprend à les plaindre. Par ailleurs il s’est fait à l’idée qu’il va rater l’avion. Après tout, il est en Inde : doubler des ânes décharnés à un carrefour lui offre trop à rêver pour qu’il se soucie de quoi que ce soit d’autre. De temps en temps son chauffeur tourne la tête en le regardant d’un œil malin, souriant de toutes ses dents, qu’il a marron. Thomas échange avec lui quelques mots d’anglo-hindi, quelques. Aux feux rouges, il observe les vieilles voitures remplies à exploser ; les hommes en costard-cravates à l’arrière de motos datant de l’avant guerre ; les piétons nus pieds. Il y a de tout pour satisfaire sa soif de différences et de nouveautés, même des miracles : il ne rate pas l’avion.

 

*

 

Thomas passe les portes automatiques du « Domestic Airport » de Delhi quelques heures plus tard. Madhu, un Indien d’une trentaine d’années auquel une fine moustache n’enlève pas ses airs d’enfant, l’attend avec une pancarte au milieu d’une foule compacte d’autochtones que des barrières métalliques retiennent précautionneusement à quelques mètres de la sortie. Il accueille Thomas d’un grand « Bonjour ! » en sautant de la barrière sur laquelle il est perché et l’invite, en anglais cette fois, à monter dans une luxueuse 4x4 tout en tripotant son portable dernière génération.

Français et Indien sympathisent. Madhu travaille pour l’ambassade depuis quelques années. Il apparaît à Thomas comme quelqu’un de particulièrement malin, peut-être parce qu’il le prévient tout de suite que c’est en faisant des demandes en mariage qu’on arrive à ses fins, en Inde, avec les filles et peu importe qu’on soit déjà marié. Thomas lui demande si la polygamie est autorisée ? Madhu lui sourit que non.

Leur voiture se débat dans une faune très différente de celle de Bombay, majoritairement composée de voitures modèle « Ambassadeur » et de rickshaws, des sortes de mobylettes à trois roues sur le châssis desquelles sont aménagés de petits abris de tôle et de toile légalement capables d’accueillir jusqu’à trois personnes en plus du conducteur et, en pratique, capables d’en accueillir le double. De la voiture de devant qui roule au ralenti, comme toutes les autres d’ailleurs, un jet de vomi vient éclabousser le trottoir, dans l’anonymat du bruit ininterrompu des klaxons… A la droite de Thomas, sur le siège du conducteur, Madhu se masque aussitôt les yeux.

Un sujet récurent des lectures de Thomas sur l’Inde, était celui des castes : des divisions sociales dont les commandements, stricts, sont décrits comme omniprésents et extrêmes, allant jusqu’à condamner le mélange des ombres de deux individus de castes distinctes. Et Thomas s’interroge : la vue du vomi issu de la bouche d’un membre d’une caste inférieure risque-t-elle de salir l’âme de son hindou de chauffeur ? A quelle inquiétude spirituelle le spectacle du dégueuli routier auquel ils viennent d’assister le met-il donc en proie ? Madhu a tôt fait de dissiper ces doutes : 

- Yuk ! It’s disgusting ! I dont wont to see zat or I am going to vomit az well ! 

 

*

 

Madhu et Thomas arrivent finalement dans un quartier surpeuplé de chiens errants, pareillement aux autres, Thomas va le découvrir bientôt. A sa grande excitation, ils croisent une vache efflanquée qui balance mollement ses os sur un trottoir, entre les poubelles où elle cherche sa pitance.

 

« Comme sur les images de mon livre de hindi ! Mais les poubelles rendent mieux en aquarelle… »

 

Dans un immeuble gris, donnant sur une ruelle sale dont les murs sont couverts de guirlandes d’œillets, Thomas est accueilli par Laurent, attaché à la mission militaire de l’ambassade de France, tandis que Madhu prend congé d’un officiel « Goodbye Mister Thomas ». Laurent est un bonhomme d’une extrême gentillesse. Thomas a été surpris de l’entendre parler français car ses origines tamoules le font passer pour Indien. L’appartement qu’il lui présente est digne d’un palais : sol de marbre, lits à baldaquins, salon avec mini-sofas, etc. Dans les toilettes, le jet d’eau est incorporé à la cuvette, chose que Thomas ignorerait s’il ne manquait du papier.

 

« En gros on dirait un chiotte-bidet. »

 

C’est parce que ses amis lui ont demandé de louer l’appartement en leur absence que Laurent y reçoit le stagiaire, le temps qu’il trouve où s’établir de manière définitive. Il lui offre aussi une rapide visite du quartier dont les bizarreries abondent à chaque coin de rue mais le surprennent sans le choquer : pas de cadavres ni de lépreux en vue. Chemin faisant, Laurent parle de sa mission du moment, une étude au sujet des « think-tank », soit des conférences de spécialistes dont le gouvernement indien semble attendre beaucoup ; puis, plus longuement, de son projet d’import d’ouvre-bouteilles « fashion », dont il attend beaucoup lui-même compte tenu du développement rapide de l’économie du pays.

- Avec l’émergence d’une classe moyenne en Inde et l’accès aux alcools… Crois-moi, c’est là dedans qu’il faut investir, martèle-t-il.

Pour conclure, Laurent s’en retourne vers sa petite famille, non sans prévenir :

- La femme de ménage viendra te préparer le petit déjeuner demain matin.

 

Finalement statique, couché dans un lit qu’il ne connaît pas, dans une chambre traversée de bruits qu’il ne connaît pas, un peu comme une balle lancée très loin qui s’arrête enfin de rebondir, Thomas songe qu’il arrivera bientôt au début de son voyage. Il lui reste encore à rouler toute une nuit de sommeil pour pouvoir découvrir, à l’aube, à quoi ressembleront plus ou moins les six prochains mois de sa vie.

 


Pour lire la suite, cliquez ici -> INDIANA TOM

 

Le livre INDIANA TOM

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 17:39

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Acheter INDIANA TOM

 

Enfin! INDIANA TOM (et le rapport de stage perdu) est disponible à la commande, chers amis, je suis très ému blablabla.

 

Ceci dit, parlons peu, parlons bien.

 

Vous aurez toutes les informations et pourrez passer commande en cliquant sur ce lien:

 

http://www.thebookedition.com/indiana-tom-de-nabolo-p-48938.html

 

Le nombre de pages, un résumé, un extrait (qu'il vaut d'ailleurs mieux lire en cliquant ici), le prix, etc. La totale.

 

Alors à quoi sert cet article, me direz-vous? A faire de la pub, oui, mais aussi à servir de plate-forme pour vos retours sur le roman, que vous me laisserez en commentaires (c'est un ordre).

 

C'est un premier roman, il comporte son lot d'erreurs de jeunesse, mais je bosse dur sur mon style, vous l'aurez remarqué, et je ne demande qu'à m'améliorer (si, siiii c'est possible, non mais si, arrêtez, rhooo j'insiste!).

 

Je suis impatient de savoir ce que vous en aurez pensé merci pour votre participation, et pour votre infaillible soutien à l'EXCELLENT Nabolo-blog!

 

Quant à l'édition et au prix

 

C'est l'un d'entre vous, excellents lecteurs, qui m'a rencardé sur le site de « TheBookEdition », qui semble faire l'affaire en attendant que les grosses maisons cessent de jouer les timides et me fassent des propositions sérieuses.

 

Le prix est divisé en trois partie:

1- le coup de fabrication (TheBookEdition se paye là-dessus)

2- la marge de l'auteur (c'est ce que je touche)

3- éventuellement les frais de livraison

 

Vous avez la possibilité d'acheter le roman en PDF (moitié prix, pas de frais de livraison) ou de vous le faire envoyer par la poste selon le moyen de votre convenance (les prix varient selon le moyen).

 

Par souci de transparence, je vous donne ma marge: un peu moins de 25% sur le prix papier et un peu plus de 50% sur le prix en PDF (hors frais de livraison: soit environ 5 euros dans les deux cas).

 

Par ailleurs, des remises sont possibles si vous achetez plusieurs exemplaires, d'après le tableau que vous trouverez en cliquant ici (sélectionnez le format du bouquin: 14.8x21).

 

A présent il ne vous reste plus qu'à acheter des milliers d'exemplaires et les revendre partout autour de vous! (D'ailleurs pour ceux que je vois à Noël et dans les semaines à venir: ne commandez pas tout de suite, je vous aurai des exemplaires dédicacés -je connais bien l'auteur-).

 

Si vous voulez m'aider sans vous ruiner, la meilleure chose que vous avez à faire, c'est bien sûr de parler du roman autour de vous (vous avez droit de le lire d'abord mais remuez-vous quand même), en particulier sur les forums, facebook, etc

 

Je vous donne plus bas le code des bannières que je vous encourage vivement à coller partout où vous passer (vous pouvez même les imprimer pour les coller sur votre voiture, le frigo, toussah).

 

Merci d'avoir lu cette page « pub », une horreur, je le sais, pour vous qui vivez d'amour et d'eau fraîche... merci pour votre soutien!

 

LAISSEZ VOS COMMENTAIRES ICI

 


Le livre INDIANA TOM

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 11:57

plumeCa fait deux jours que je me démène avec sept lignes de texte tirées d'un passage d'Indiana Tom… Pas étonnant que le Nabolo-blog reçoive moins de publications et que le nombre quotidien de lecteurs soit passé de deux millions à un million cinq.

Pour vous prouver que je ne chôme pas, voilà ce que j’ai fait de mes deux derniers jours, j’ai transformé ça :

 

Cherchant un coin d’ombre sur la berge, le groupe évolue sur un sol sablonneux et caillouteux à la fois, parsemé de rochers sur lesquels, tout autour d’eux, de joyeux baba-cools, sourires béats sur le visage, empilent des pierres en petit monticules ou bien, silencieux mais toujours souriants, contemplent le paysage avec des yeux tellement ouverts que Thomas en distingue les pupilles cernées de blanc… Jusqu’à ce que, subitement, ils enfourchent leurs motos et disparaissent, leurs longs cheveux sales et dreadlockés flottant dans le vent, en laissant derrière eux l’image impérissable de leurs fesses dépassant de leurs pantalons. 

 

… en ça :

 

Cherchant un coin d’ombre sur la berge, le groupe évolue entre sable et cailloux. De joyeux baba-cools frayent aux alentours : sourires béats sur le visage, ils empilent des pierres en petits monticules ou bien, silencieux mais toujours ravis, contemplent l’invisible avec des yeux si grands ouverts que Thomas en distingue les pupilles cernées de blanc. Soudain, comme par magie, les babas remuent leurs crasses jusqu’à une tribu de motocyclettes fauves qui les emporte vers l’horizon, ne laissant derrière eux que le souvenir, impérissable toutefois, de leurs fesses échappées de pantalons trop larges, preuve certaine que les quatre amis ne sont pas victimes d’un songe.

 

…en passant par ça :

 

Soudain/Alors les baba-cools…

 

…agitent leurs dreadlocks jusqu’à une tribu de motocyclettes bariolées qui les emportent au loin. Ils laissent derrière eux l’image de ces fesses vainqueurs de pantalons trop larges, comme la preuve irréfutable que Thomas et ses amis n’ont pas rêvé.

 

…s’enfuient vers leurs motocyclettes et disparaissent dans le lointain. Leurs longues dreadlocks sales portées par le vent, ils laissent derrière eux l’image impérissable de fesses victorieuses de pantalons trop larges.

 

…enfourchent des motocyclettes et pétaradent vers l’horizon, leurs longues dreadlocks sales portées par le vent, en laissant derrière eux l’image impérissable de ces fesses victorieuses de pantalons trop larges, preuve irréfutable que Thomas et ses amis n’ont pas rêvé.

 

…enfourchent des motos et s’évaporent dans le lointain. Leurs dreadlocks sales portées par le vent, ils laissent derrière eux l’image impérissable de fesses victorieuses de blue-jeans trop larges, preuve irréfutable que les quatre amis n’ont pas rêvé.

 

…sans oublier X heures à faire des recherches de synonymes et de vocabulaire, de définition, à me renseigner sur le mouvement hippie, les dreadlocks et les motocyclettes, histoire de ne rien laisser au hasard. Maintenant j’ai des images de fesses de hippies dépassant de pantalons qui me collent aux yeux toute la journée…

 

Mais ça valait la peine, non ?

 

Non… ?

 

Ah bon.

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 11:17

bananiaJe déblais, encore et toujours ! J’aime bien ce passage, mais je ne sais pas où l’insérer dans la nouvelle version d’Indiana Tom. Alors bye-bye!


A bord de sa jeep, Madhu le conducteur, quittait l’Ambassade pour aller à Jungpura. C’était ma pause déjeuner et je lui demandai de me faire profiter du voyage. Il accepta à condition que j’obtienne d’abord l’autorisation des gendarmes.

Un coup de fil et quelques blagues plus tard, nous étions en route, bavardant de choses et d’autres, et notamment de la mutation probable du Ministre Conseiller au Bénin…

- To Africa, me corrigea Madhu.

- Yes, but to Bénin.

- No, no, he will move to Africa.

- Yes, but in which country Madhu ? It is to Bénin that he will move.

J’en étais sûr car je l’avais appris de la bouche d’Iznogoud le matin même.

- Aah…? s’interrogea Madhu, but Africa is not a country… ?

Il avait l’air gêné d’en douter mais je le mis tout de suite à l’aise et lui expliquai simplement que c’était un continent divisé en pays. Madhu m’avoua que, de toutes façons, ça ne l’intéressait pas beaucoup car il n’aimait pas les Africains et les noirs en général. Je pouffais de rire en lui demandant pourquoi ?

- I don’t know, I don’t like them, that’s all.

Je pouffais de nouveau. Ce genre de racisme, en fait de la xénophobie, ne se combat pas par des insultes et du mépris, mais plutôt par des éclats de rires et une conversation amicale qui, en le dérobant à ses peurs, permettra au xénophobe de modérer sa pensée. Car après tout la xénophobie n’a pour origine qu’un manque d’information, de réflexion ou d’expérience, et pas une longue étude sur l’évolution des espèces. Et puis il n’y a rien qui m’exaspère davantage que l’extrémisme des anti-racistes.

- Come on Madhu, you must have a reason, no ?

Il réfléchit, pour finalement répondre :

- I do not like them because they are bad, and dangerous. I know one day an african Ambassador has killed his driver. He has squizzed his throat between his hands and pushed him down the stairs…

J’é-cla-tai de rire !

Mais Madhu insista, les yeux fixés sur la route, comme s’il essayait d’ignorer ma réaction : « And there is this rickshaw driver who had disappeared. They found his body later, cut into pieces : it was in the fridge of two African people in a posh area of Delhi… »

Comme j’étais plié en deux à l’écouter me raconter les méchants noirs mangeurs de chauffeurs, avec son visage de gamin sous sa moustache fine et sa petite voix craintive, Madhu me répétait : « It’s not funny ! It’s not funny ! This story is famous all over the city ! »

Mais il finit par céder et partagea mon hilarité quand je me moquai de l’air misérable qu’il prenait pour me raconter ce genre d’histoires et leur peu de vraisemblance. Je savais que me lancer dans de longues tirades ou, pire, des réprimandes, n’aurait jamais changé l’avis de mon camarade. J’espérais simplement que mon attitude avait suffisamment décrédibilisé ses histoires pour qu’il finisse par les remettre en cause.

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 21:51

mariage indienJe vire, je coupe, je taille, j'élimine ce passage qui n'a rien d'exceptionnel en fin de compte... Il ne sert pas la trame et il est purement descriptif, et pas de manière très originale encore! Voil voilà, mais ça me fait du bien de le publier... Désolé de ne vous donner à lire que les déchet d'Indiana Tom pour le moment, mais juré la version finale va en s'améliorant grâce à cela. J'ai revu le mode narratif (et je n'ai pas fini de le revoir je pense) et c'est déjà beaucoup plus drôle et mieux rythmé. J'espère pouvoir vous en dire plus bientôt!

 


 

J’ai retrouvé Lucie devant les portes de l’Hôtel Ashok à vingt-deux heures trente, l’heure recommandée par le portier. Hélas, nous venons de manquer la cérémonie… Mais heureusement pas le buffet !

Les décorations sont achevées et nous hâtons le pas dans les méandres d’un labyrinthe de couleurs.

En contrebas de l’hôtel où conduit un double escalier feutré de rouge, un parterre de moquettes bleues, vertes et oranges couvre le sol. A gauche, derrière les arbres drapés d’or et allumés de lampions, il y a une cinquantaine de petites tables rondes sous un gigantesque chapiteau. Sur une estrade débordante de draps orangés, un orchestre aux costumes de la même couleur joue des morceaux exotiques, juste devant ces quatre petits ponts de bois élevés au milieu de rien et parsemés de fleurs. On devine les fresques en grains de riz qu’ont détruites les enfants sous l’œil complice d’une effigie de Shiva. La plupart des invités d’importance se sont retirés dans des salons aménagés en hauteur et à l’air libre dont les coussins et soieries dégoulinent jusque dans la cour, au centre de laquelle s’élève un champignon géant, sans doute en hommage à ceux dont le décorateur tire son inspiration.

Au fond de la cour s’élève un théâtre. Les décors y figurent un palais de Maharaja. Au devant, sur deux trônes argentés, les jeunes mariés brillent d’or, de bijoux, et de flashs photographiques. Ils sont vêtus d’habits traditionnels : lui avec une énorme coiffe rouge et des vêtements blancs et étincelants, elle avec un saree chatoyant de rose et de vert, le nez percé d’une boucle de grande taille.

Ils sont tous les deux très beaux comme on peut s’en rendre compte en direct live sur l’écran géant disposé à l’entrée, qui affiche leur gêne et leur bonheur en même temps (et en gros plan). On peut comprendre leur timidité : ils viennent tout juste de se rencontrer. Ah ! La magie des mariages arrangés !

 

Au fil de mes investigations, j’ai perdu Lucie, cherchant coûte que coûte à assouvir ma soif (de nouveautés). Des serveurs costumés viennent régulièrement à ma rencontre pour me proposer des boissons que je n’avais jamais vues, des sortes de thé à l’eau et à quelque chose d’autre, mais je ne saurais pas dire quoi.

Quand j’ai fini de visiter la cour, je reviens sur mes pas pour explorer le chapiteau : j’accélère le pas pour pénétrer dans une véritable fête foraine de mets orientaux, avec des stands tenus par des cuisiniers venus des trois coins du pays.

En Inde le mariage est traditionnellement financé par le père de la mariée. C’est un devoir auquel nul ne se dérobe, au risque de s’endetter à vie. L’idée me traverse jusqu’à ce que j’aperçoive une fontaine de chocolat. Après quoi plus aucune autre idée ne me traverse du tout… Sauf une peut-être : celle que Maike aurait fondu de voir ça. Mais où qu’elle soit, j’allais lui faire honneur !

Jouant du coude, je parviens à piquer une fraise que je baigne dans le cacao tiède et lacté qui tombe en cascade, avant de l’engloutir dans un rugissement de plaisir.

Ayant assouvi cet instinct primitif et bestial je retrouve mon sang froid et j’estime que l’expérience culinaire unique que j’ai l’occasion de vivre ce soir risque de pâtir de cet appétit sauvage dont le joug s’étend de mon estomac au cerveau. Je dois rester maître de moi, méthodique et organisé. Armé de cette consigne, je repars en expédition.

Lucie se baladait au milieu de la salle mais je n’y prêtais guère attention. Ça fait un mois que l’essentiel de mes repas est constitué de pizzas, et de momos du Sikkim, exceptionnellement remplacés par de minuscules petits fours diplomatiques… Il est temps que ça cesse.

Je me faufile entre les tables. Il y a aussi de petites estrades circulaires que cernent des rideaux aquatiques : composés de fils invisibles l’eau s’y écoule avec élégance. Elles sont à peine assez larges pour accueillir un musicien et ses instruments. Des cages à poètes ?

Si tout semble indiquer que beaucoup sont déjà partis, il reste néanmoins un certain nombre d’invités dont les chroniqueurs de l’époque s’accordent à dire qu’ils avaient déjà laaargement eu le temps d’avoir leur part au moment du pillage, je veux dire au moment où j’ai rejoint le buffet au fromage : oui, il y a du fromage français. Je fais carnage.

 

Je ne me suis pas arrêté là. L’étape « fromage » n’était qu’une mise en appétit, d’autant que, toujours sur les conseils du portier, j’ai pris soin de ne rien manger avant de venir. J’ai donc sillonné les stands jusqu’à ce que, la bouche pleine, je recroise Lucie que j’avais entre-temps complètement oubliée.

Dans ses yeux j’ai aperçu un chouia de mépris pour son goinfre de camarade. J’ai donc fini de mâcher ce qui me restait entre les dents en adoptant une attitude plus réservée, ce qui ne m’a pas laissé sans frustrations quand je pense que toute la bouffe qui restait a probablement fini à la poubelle, moi qui me nourris de riz au beurre et de pâtes grillées.

 

En nous éloignant des milles et unes ampoules de la fête, de ses couleurs, orange, rouge, et bleu, nous avons rapidement retrouvé le phare de rickshaws borgnes, leur tenture jaune et leur taule verte. Et puis des mendiants de-ci, de-là. Ce mariage a été la première occasion pour moi de voir autant de belles indiennes.

Il faut dire que les demoiselles ne courent pas les rues à Delhi. En effet de nombreux parents préfèrent l’avortement à une fille première née (la dot à payer pour leur mariage est souvent très élevée, et il est bien plus profitable de marier un fils qui empochera du coup la dot de son épouse). C’est pour cette raison qu’il est interdit de chercher à connaître le sexe de l’enfant à naître. Il est toujours possible de corrompre un médecin dans cette perspective, mais les parents honnêtes qui veulent respecter la loi doivent attendre que leur fille soit née pour s’en débarrasser. On compte huit naissances de filles pour dix de garçons dans l’État de Delhi.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 12:56

classe yogaJ'ai besoin de votre aide ce coup-ci, c'est un peu compliqué! L'épisode suivant est inclus dans une partie du bouquin que je ne suis pas certain de conserver... Si je la conserve, je conserverai cette épisode, mais je ne suis pas certain de conserver la partie concernant les souvenirs de collège de Thomas. Bien que drôle, ça n'a pas de rapport avec l'Inde... Trouvez-vous qu'elle fassse "intruse" dans le récit? D'avance merci pour votre aide et soutien!

 


 

Une fois déchaussé, Thomas suit ses condisciples à l’intérieur de la salle de yoga, une chambre du dernier étage. Le Gourou est là qui attend, souriant. En rang debout face à lui, ses tout nouveaux disciples se laissent expliquer ce qu’est le yoga, son fondement, ses règles et pratiques qui vont biiiiiiiien au-delà de celles d’une simple gymnastique et qui, à force de persévérance, leur permettront d’obtenir santé, vigueur, « as well as a fit and well shaped body » ajoute le Gourou du haut de son mètre soixante en remontant son pantalon sur son ventre bedonnant. Charlotte a un mouvement de sourcil dubitatif tandis que la crédibilité du Maître chute à « un » sur une échelle de dix.

Thomas, Charlotte et Perrine entament la séance par des étirements. Tandis qu’ils s’échauffent, Raoul s’introduit discrètement dans la salle pour s’asseoir sur un fauteuil et observer le cours. Il n’a rien trouvé de mieux à faire en attendant son massage.

Le Maître enseigne à ses disciples des positions diverses : celle de la montagne, du cobra, de l’aigle, etc… Sur un pied, et en levant les bras, les trois apprentis répètent des formules étranges.

« Probablement des mantras yogi qu’on pourrait transcrire en alphabet latin par « INAAL » et « EK ZAAL ».

Tandis que Thomas s’efforce de tenir sur une jambe, des souvenirs du collège viennent perturber sa concentration.

« C’était pendant le cours de gymnastique, en 4ème 2, durant lequel, filles et garçons en collants, avaient du, chacun à leur tour, présenter un enchaînement de figures au sol devant le reste de la classe.

- Je ne veux pas le faire.

- Thomas, c’est obligatoire.

- Je ne veux pas le faire.

Madame Brémond essaya un regard sévère qui n’eut pas le moindre effet : c’était la prof la plus gentille du collège, et moi, en l’occurrence, l’élève le plus déterminé. ça allait bien qu’on se foute de ma gueule toute la journée à cause de mes boutons ou qu’on jette mon cartable au premier rang des exclus, je n’allais pas en rajouter en me ridiculisant avec des enchaînements que de toute façon, doté d’une souplesse de porte, je ne serais jamais parvenu à exécuter.

- Très bien, je te mets un zéro dans ce cas là.

- Merci !! m’étais-je exclamé, rayonnant de bonheur et soulagé d’avoir évité le pire.

Hélas, une semaine plus tard, Mme Brémond était revenue à la charge, en employant les sentiments cette fois : « Tu es sur que tu ne veux pas le faire Thomas ? S’il te plait, fais-le, ça me ferait tellement plaisir… »

Damned ! J’aurais résisté si Medhi ne s’en était pas mêlé, nous proposant, avec une gentillesse extrêmement suspecte de s’occuper de mon enchaînement, d’en dessiner les différentes phases qu’il fallait coucher sur papier et surtout, de « m’entraîner ».

- Regarde Thomas, même ton camarade t’encourage ! 

- Ca va, ça va. 

Medhi était le premier à rire de mes boutons, s’il s’impliquait de mon côté, après tout, je risquais moins : ça privait les rangs du public d’un de ses plus gros moqueurs.

Mauvais calcul.

Contrairement à ce qui avait été convenu, nous ne prîmes jamais le temps de répéter avant le mercredi suivant.

« Tout va bien se passer ! m’avait-il affirmé la veille, au téléphone, Je t’ai préparé un programme à la waneguène, tu vas tout déchirer ! »

Le lendemain j’étais dans les vestiaires en train d’enfiler mes collants cependant que Madame Brémond demandait à toute la classe de s’asseoir pour libérer le tatami où j’allais effectuer ma démonstration. J’étais le dernier élève à passer, j’allais bénéficier de toutes les attentions. ça ne s’annonçait déjà pas facile quand j’entendis la prof, à travers l’entrebâillement de la porte, qui criait d’une voix forte et impérieuse : « Thomas va finalement nous présenter son enchaînement. Je vous demande à tous de ne pas rire car il a très peur que vous le trouviez ridicule, alors soyez gentils ! »

Je n’avais jamais été asthmatique, avant : la tête baissé, les boutons rouges de honte, j’avais fait mon entrée dans le silence, adressant à Medhi un « Bon, on en finit vite ? » tout en lançant une violente rafale de « regards-qui-tuent » en direction de Brémond.

Au bout de la salle, assis sur le sol, sur des caisses ou des chevaux d’arçons, une demi douze-centaine d’yeux fixaient mes moindres gestes. Le spectacle pouvait commencer.

Je me tournai vers Medhi dont j’attendais les instructions. Il était tout sourire. Je compris pourquoi en découvrant avec horreur les mauvais croquis de karatéka qui couvraient les pages de son cahier de cours : sous l’influence de Dragon Ball, il traversait comme nous tous une période d’admiration pour les arts martiaux. J’allais en faire les frais.

« La position de la tortue ! » s’exclama-t-il après avoir vérifié ses notes. Mes yeux écarquillés disaient : « Non ?! », mais les siens, plissés derrière ses grosses lunettes répondirent : « Si ! ». Il me tendit son cahier pour que j’en imite les acrobaties, et continua d’annoncer au public : « La défense du blaireau ! » « Le pigeon qui s’élance ! »  « Le camouflage du chacal !» et enfin « Le saut du chamois ! ».

A l’instar de Perrine et Charlotte, Thomas ouvre les yeux sur l’ordre du Maître. Ce n’est pas le cas de Raoul, qui, vautré dans son fauteuil, la langue pendante, dort comme un bébé de quatre-vingt kilos. Leur gourou n’a cessé de répéter ses formules magiques que Thomas décrypte enfin : « inhale » et « exhale » deux mots d’un anglais imaginaire censés rythmer leur respiration et qui, faute que Thomas les ait traduits plus tôt, lui ont épargné tout l’intérêt de l’exercice.

Pour clore la séance, les initiés s’assoient en tailleur pour souffler « OM »  le son originel de la création de l’univers.

« C’est aussi le nom d’une marque de lessive, quand on le répète plusieurs fois. »

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 11:31

rép françaiseVoici le programme que Thomas Rougon, le personnage principal, se propose de présenter aux élections présidentielle de 2007, après avoir passé une douzaine de jours avec ses parents, venus lui rendre visite en Inde. Je n'ai pas besoin du programme complet pour conserver l'effet comique, je m'en débarasse donc, en partie ou en entier.

 


Programme pour la présidentielle 2007

 

(Discours d’intro)

Mes chers compatriotes, si je présente ma candidature à la Présidence de la République, c’est, au cas où nous voudrions continuer à croire que la démocratie peut faire face aux défis du siècle, pour que vous m’accordiez votre confiance, de manière à ce que, par des réformes efficaces blablabla

 

EDUCATION

- Enseignement de l’anglais (appelé « globish ») plus tôt (CP) – mais garder une option « espéranto »

- Enseignement de l’hymne européen au même titre que l’hymne français – (à propos de la Marseillaise d’ailleurs, on peut moderniser les paroles sans nuire à la chanson et se permettre un truc un tout petit peu moins violent, en meilleure adéquation avec nos idéaux d’aujourd’hui : l’ancienne version restera dans l’histoire et dans nos cœur)

- Uniforme obligatoire dans les collèges publics

- Enseignement basique de la cuisine, de la couture et du bricolage & Enseignement des religions – c’est absurde de continuer à ignorer que le reste du monde est religieux (ps : inclure les religions qui ne se pratiquent plus dans le programme)

- Autorisation aux professeurs de mettre une beigne maximum par élève indiscipliné et par semestre –  (les élèves peuvent faire une opposition a posteriori, à l’unanimité de la classe) + une fois par an, organiser, dans chaque établissement, une kermesse où les profs sont ridiculisés par les élèves (comme dans « Grease », à la fin)

- Enseignement renforcé des Droits civiques et du Droit (école et collège), si possible aussi de la politique au Lycée. Pourquoi s’abstenir d’enseigner la matière la plus importante ???

- Construction d’Universités sur le modèle anglo-saxon - des « villes étudiantes » pour générer de l’emploi comme c’est le cas au Royaume-Uni

- Programme Erasmus renforcé (bourses à volonté)

 

SOCIAL

- Laïcité brute : l’Etat français ne reconnaît aucune religion et ne se mêle pas non plus de les financer, d’aucune manière (la règle s’étend à l’ensemble du territoire). Dans les lieux publics, interdiction du port d’insignes religieux ostensibles. Disparition des fêtes religieuses (les fêtes traditionnelles de Noël (la fête du don) et de la Toussaint (la fête des morts) sont conservées à d’autres titres - suppression de la fête du 15 août, la honte de la République laïque + mais bien sûr continuer à veiller à ce que chacun puisse pratiquer sa religion (dans son coin pour pas emmerder les autres)

- Réorganiser bals et fêtes populaires, multiplier les occasions de se retrouver tous ensemble dans la rue faut que ça bouge ! On s’emmerde en France alors que la Belgique, l’Espagne et les autres passent leur temps à organiser des carnavals…

- Création d’un « permis parental » (c’est insensé que n’importe qui puisse être parent) et facilitation des conditions d’adoption – on réduit le nombre de nouveaux enfants pour s’occuper mieux de ceux qui existent déjà (voir si l’émergence d’une classe de parents professionnels est possible)

- Pour régler le problème de l’isolement des personnages âgées, organiser des « camps de vacances » dans les pays pauvres. Ils accueilleront les plus de soixante-dix ans volontaires : le coût de la vie étant moins cher là-bas, ça règle le problème des retraites (qu’on peut diminuer sans diminuer le niveau de vie de celui qui les perçoit), et indirectement ça booste l’économie du pays d’accueil (à ce propos, organiser des enchères internationales entre pays en voie de développement pour l’accueil de nos vieux = retombées diplomatiques positives, alors que les personnes âgés sont un poids pour nos sociétés, on en fait une ressource d’exportation)

Les camps : bien sûr, les camps de vacances à l’étranger ne s’adressent pas aux vieux d’aujourd’hui qui sont trop vieux (= pas assez mobiles), mais aux vieux de demain, de la génération de 1946. Plutôt que de se faire chier dans leur coin avec un pouvoir d’achat dont ils ne savent pas quoi faire car rien n’est prévu pour eux, on les envoie à l’étranger. Dans les camps il y aura des formules différentes et des suivis médicaux incorporés, les vieux pourront continuer à avoir une activité sociale puisqu’ils seront entourés d’autres vieux. Comme ce programme s’adresse à des volontaires, il faudra faire un maximum de pub à la télé où on voit des vieux qui boivent des cocktails et font des safaris photos

- Aménager la prostitution, ouvrir des « maisons closes » nationales avec toutes les garanties nécessaires offertes à ceux qui y travaillent, hommes et femmes – une visite tous les deux mois remboursée par la sécurité sociale essayer de recruter des spécialistes voire créer une filière d’étude

 

JURIDIQUE

 

- Légalisation de la consommation de marijuana (boost économique) mais interdiction de la vente au moins de dix huit ans et de la consommation dans les lieux publics vérifier qu’on n’aie pas des accords secrets avec les Pays-Bas qui leur octroie le monopole de cette richesse en Europe ( ?)

- Interdiction totale de fumer dans les lieux publics (répression : amande élevée et garde à vue) – la rue est un lieu public, voir si la création de « fumeries » n’est pas envisageable

- Interdiction de faire usage de véhicules à essence hors des jours de travail contrôle policier intensif, amendes reversées à un ministère de l’écologie et du développement durable - et pour TOUT LE MONDE le dimanche, jour de repos de la planète (sauf permis spécial genre pour les boulots importants comme agent secret)(quoique s’ils sont les seuls à rouler le dimanche ça se verra donc non)

- Peines de prison élevées à la perpétuité pour les auteurs d’incendies forestiers et dommages écologiques majeurs (pratique des bateaux de décharger leur pétrole avant d’arriver au port, je sais plus comment ça s’appelle mais peine maximale)

- Interdiction de la corrida (mais on conserve abrivados, courses camarguaises, etc… toutes les traditions à part ça !) + loi du talion pour les auteurs de souffrances envers les animaux

Inscription dans la Constitution de l’interdiction de la peine de mort c’est impensable qu’une société puisse se débarrasser des membres qui la constituent, l’écrire noir sur blanc

- Instaurer un référendum d’initiative populaire

- Revenir aux élections à la proportionnelle ou alors on appelle plus ça « démocratie »

A propos de la Constitution, limiter le mandat présidentiel à un double septennat ET faire en sorte que le Président démissionne s’il est désavoué par référendum (comme De Gaulle a fait l’erreur de ne pas l’écrire dans la Constitution) de façon à ce qu’on aie un Président responsable devant le peuple et un Gouvernement responsable devant le Parlement, comme c’était prévu au départ ! rappeler aux gens que c’est le Premier Ministre le Chef du Gouvernement et pas le Président de la République, que le passage au quinquennat n’avait aucun sens surtout si on n’empêche pas la cohabitation, etc… p’tain, mais personne l’a lu cette Constitution ou quoi ? OU ALORS on passe carrément à la VIème République, avec un Premier Ministre qui représente l’exécutif à lui tout seul, mais on créé deux postes particuliers : celui de « Président de la République », de « Grand Ambassadeur de France », (ou un autre titre à la waneuguenzepipo) nommé à vie (mais destituable par une majorité référendaire de 2/3) et en charge des relations extérieures (sans capacité à engager le pays) de manière à éviter les changements trop fréquents d’interlocuteurs et une continuité de nos relations internationales (c’est le rôle qu’Elizabeth II tient en Angleterre) celui de « Ministre de l’Ecologie et du développement durable », nommé pour vingt ans (pour s’occuper du développement durable il faut pouvoir être en poste durablement) par le Parlement sur proposition du Président-Grand Ambassadeur (lequel n’est pas obligé de faire son choix dans la majorité, quoi que la personne choisie doive recevoir l’aval de cette dernière) et qui a des pouvoirs étendus (comme celui de forcer le gouvernement à présenter certains projets au référendum lorsque ceux-ci sont dommageables à l’écologie)

 

ECONOMIQUE

- Booster la recherche et le budget militaire pour obtenir une armée bien équipée (équiper la future armée européenne), une plus grande faculté d’intervention avec les avantages diplomatiques que ça comporte et l’amélioration économique toute bénéfique au civil qui en découlera OU BIEN supprimer l’armée (en tous cas faut faire un vrai choix parce qu’une demi armée ça sert à rien)

- Augmentation de l’impôt sur la fortune (en particulier les très grandes fortunes parce qu’à partir d’un certain niveau ça sert à rien d’être encore plus riche). - envisager une impossibilité de changer de nationalité pour les riches et des humiliations publiques ainsi que des peines de travaux forcés au service de familles de pauvres pour ceux qui essaieraient

 

URBANISME

- Suppression/ouverture des banlieues et des « cités », réaménagement créer des emplois dans les banlieues comme celui d’animateur culturel, multiplier les « centre-villes » et les forums, créer des zones franches temporaires pour attirer les activités

- Amélioration des transports en commun et du système ferroviaire en partenariat avec les pays limitrophes (vendre le TGV partout en Europe, quitte à le vendre pas cher mais beaucoup)

- Centre-villes piétons, pistes cyclables, système de vélos publics qu’on emprunte à partir de bornes disposées à intervalles réguliers, parkings relayés aux périphéries

- Multiplication des espaces verts, assainissement des rivières

- Arrêter un peu avec le style urbain moderne et retrouver un style classique dans les grands édifices, commander des statues et des œuvres d’art pas modernes

 

EUROPE

- Europe des cercles concentriques : une Constitution pour l’Europe co-rédigée avec l’Allemagne, le Bénélux et l’Italie auxquels seront invités à se joindre les autres pays (si ça se passe, faire en sorte qu’un Ministère de l’Ecologie et du développement durable existe à l’échelle européenne plutôt que nationale, avec un pouvoir d’ingérence chez chaque nation)

- Une défense européenne commune, vite et bien, avec les pays susnommés et ceux que ça intéresse.

Propagande pro-européenne, trouver des symboles à l’Europe et transmettre à ses populations un sentiment national européen – tout les pays qui tiennent la route le doivent à leur unité nationale, il faut en trouver une à l’Europe : organiser des  projections de « L’Auberge Espagnole » dans les universités ; chercher des symboles dans la légende d’Europe, la princesse d’Asie mineure kidnappée par Zeus changé en taureau, rappeler qu’ « Europe » veut dire « jolies yeux » bref, en parler, trouver des trucs et des machins

- L’élévation, dans chaque Capitale Européenne, d’une statue en hommage à Europe, qui devra représenter la scène de son enlèvement par le taureau (mais d’une Capitale à l’autre, la statue devra s’adapter aux styles : Europe pourrait porter des sabots aux Pays-Bas, appuyée sur une vache laitière, ou être habillée en danseuse de flamenco en Espagne, montant un taureau de corrida)

- Création d’équipes de sport européennes

 

POLITIQUE INTERNATIONALE

- Œuvrer au rapprochement des U.S.A. et des pays Arabes et renouer avec les Etats-Unis en gardant son mot à dire – campagne de promotion de la France dans les médias internationaux, c’est très important à long terme putain ! Alors pub, pub, pub

- Veiller à l’application scrupuleuse du protocole de Kyoto (ce faisant, préparer un traité plus strict mais avec des contreparties commerciales avantageuses = mêler des engagements écologique à tout autre type d’engagement) et fournir aux pays en voie de développement les technologies qui leur permettront de se développer plus vite et sans polluer – ils vont se développer de toute façon alors faut arrêter d’être con

Notes : Arrêter de chercher à conserver ses intérêts personnels sans voir que c’est en investissant dans le futur, l’écologie et en aidant les pays du sud qu’on sera les champions de demain. A ce titre, arrêter l’exploitation des pays d’Afrique pour la remplacer par des programmes de développement efficaces et effectifs (plutôt que de laisser les Chinois récupérer les lieux avec une propagande à deux balles, devenir le partenaire privilégié et équitable des pays d’Afrique)

 

MEDIAS

- CNN à la française – qu’est-ce qu’on attend ?Voir si au cas où je gagne pas les élections je peux m’investir dans le projet quand même

- Dessins animés éducatifs (culture G renforcée) – faire de « C’est pas sorcier ! » une émission d’intérêt général et rediffuser le dessin animé « Il était une fois la Vie »

 

ECOLOGIE

- Cours de responsabilisation écologique – (recyclage, respect des animaux et des plantes)- à l’école ou en remplacement du service militaire et puisque sauver la planète est notre prochaine guerre

- Chaque famille aura une consommation limitée par des plafonds de pollution et d’utilisation des énergies. Les dépenses qui dépassent ces plafonds seront considérés comme un luxe et taxées en aval.

EXEMPLE : par famille on autorise un véhicule à essence, une télévision, une machine à laver le linge et la vaisselle. Le prix d’une deuxième voiture pour cette famille sera rehaussé de XXX% de taxes (% de taxe variable en fonction du modèle plus ou moins polluant) et elle paiera un impôt annuel dessus. Pareil avec les dépenses d’eau et d’électricité qui dépassent les plafonds imposés par le Ministère de l’écologie. Cependant on détaxe et encourage la consommation de produits qui ne nuisent pas à l’environnement, des élevages naturels d’animaux et de plantes.

- Interdire la chasse ou rendre plus sévères les critères d’attribution du permis – ils ont fait un truc pas mal en Allemagne qui ressemble au permis de conduire avec tests etc… voir si on peut s’en inspirer

- Approfondissement des engagements internationaux de la France en matière d’écologie (militantisme) faire de la France LE pays NUMBER ONE en la matière, lui redonner sa gloire passée et sauver le monde

- Durcissement des règles sur la maltraitance des animaux, que ce soit dans l’agroalimentaire ou chez les particuliers – plancher sur un projet de développement du droit des animaux, peut-être pas aller jusqu’à la personnalité juridique complète directement, mais trouver un statut intermédiaire avant d’aller plus loin ou alors octroyer la personnalité juridique complète aux animaux mais seulement dans des espaces protégés (devenir végétarien à l’occasion en invitant tout un tas de journalistes pour rapporter l’événement + pour les cours de cuisine (cf : Education) les orienter vers « comment bien se nourrir en mangeant végétarien »

Notes (je pars sur la base que n’importe qui se satisfait de ce à quoi il est habitué) : habituer les Français à mes réformes, campagnes de propagande (miser à fond sur le soutien des médias)

Si je passe pas le premier tour, pas de report de voix : plaider pour la dissolution du contrat social et le retour à la nature.

 

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 12:53

chiens sauvagesLorsque il se fit tard, je pris congé de mon camarade pour rentrer chez moi, à trois rues de là.

La nuit indienne était calme et tiède. Les vaches m’y semblaient plus nombreuses, mais peut-être étaient-elles dissimulées, le jour, par la cohue qui inondait la ville ? Couchées sur le côté de la route, les paupières baissées, elles communiquaient à l’obscurité leur tranquillité bovine. Il y avait un chien aussi. Ah non, il y en avait deux ! Je n’avais pas vu l’autre, assoupi derrière une voiture. Ils étaient les seules ombres mobiles aux alentours, avec celui-ci qui sortait d’une maison, suivit de celui-là. Je passais devant le liquorshop et tournais au coin du parc. Les chiens s’approchèrent de moi. Je les entendis grogner. Immédiatement, je me retournais : il y en avait deux. Le plus proche hésita puis me contournant, tenta de quitter mon champ de vision. La situation commençait à devenir inquiétante. Je pris la décision d’avancer en conservant un pas aussi naturel que possible.

Qu’est-ce qui leur prenait à ces chiens ? Les rues ne désemplissaient pas de la journée mais voilà que la nuit tombée, je violais leur domaine ! Derrière moi j’entendis clopiner de nouveau, et des grognements. J’ai replié les bras sur ma poitrine pour éviter qu’ils soient mordus quand le molosse s’y intéressa de trop près, les babines rétractées, mais toujours hésitant. Il mordrait si j’accélérais le pas, s’il sentait la peur : le sentiment des coupables qui lui donnerait raison de me condamner. Je savais que les chiens obéissaient à cette loi pour en avoir souvent fréquenté, mais aussi, parce qu’elle est en vigueur chez les hommes. Mon poursuivant ne recevant pas le signal qu’il attendait, je le distançais finalement au moment où j’approchais de la troisième rue, peut-être la fin de sa juridiction ?

Je dépliais les bras, j’étais sauf et la voie sur laquelle je m’engageais était libre à présent. Derrière moi on hurlait à la mort. Etait-ce un adieu ? Un regret ? Une menace ? Non, c’était un signal aux mâtins de ce nouveau passage qui sortirent lentement de l’ombre, prévenus de mon arrivée. Ils firent écho à leurs confrères d’une note semblablement lugubre.

Pas de tamtam dans le lointain, pas d’anneau de puissance magique, autant dire que je commençais à me chier dessus. Avancer ne m’était plus possible, ils me barraient le chemin. Essayer de traverser leur groupe serait les provoquer. J’étais coincé. J’avais déjà été condamné ailleurs, je n’aurais pas droit à l’appel : j’étais coupable aux yeux de tous pour l’avoir été à ceux de quelques-uns. C’est la vie de meute, ou plutôt la paresse intellectuelle qu’elle prodigue qui ôte à ses membres une partie de leur libre arbitre. J’aurais pu caresser chacun d’eux et m’en faire un compagnon dans d’autres circonstances, pas dans celles où l’aboiement ayant retenti comme le clairon dans la plaine, il avait rendu la horde à sa sauvagerie primale.

J’ai emprunté une ruelle sur ma droite, tant pis pour le détour. Les hurlements se succédaient, repris par les dogues des rues voisines. J’ai ralenti encore pour ne pas exciter les ombres et j’ai sifflé l’air de « Mon nom est personne » pour leur dire ma tranquillité, ma confiance et ma force. S’ils comprenaient que « personne » ne passait, ça m’irait tout autant.

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 11:08

culture

Comme d'hab, un épisode tiré du futur roman "Indiana Tom"!"Je vais peut-être le conserver celui-là mais entre tous mes découpages-collages du moment je ne suis pas bien sûr d'où le placer :p

 


En fin d'après-midi Aurélien et moisommes invités à un cocktail chez l’Ambassadeur « On the occasion of the publication of the anthology of Ancient India Drama in the prestigious collection of « La Pléiade » in the presence of the Chief Editor of the volume, Professor Sibylle BELLANGER » comme précisé sur un carton d’invitation parfaitement adapté à l’événement annoncé, en termes de convivialité et « d’entertainment ».

Leur train Au moment de quitter notre bureau, Aurél s’exclame :

« Attends deux secondes, je passe un coup de cirage sur mes pompes. »

Il ouvre un tiroir, en sort ce chiffon noir oublié jadis par un stagiaire disparu, puis s’accroupit et cire ses chaussures. C’est alors qu’avec stupeur, j’entrevois la possibilité d’assouvir enfin le premier de mes fantasmes. Innocemment, j’avance le pied dans sa direction et avec beaucoup de politesse, pour ne pas éveiller ses soupçons, je lui demande :

 

 

Ca y est ! Il a fini sa chaussure droite ! C’est mon tour ! Les yeux exorbités, le sourire aux lèvres alors qu’il est baissé devant moi, je jubile ! Il va le faire !! Il va le faire !!! Mais Aurél jette le chiffon à mes pieds et se relève le sourire vainqueur :

« Tu peux crever enculé ! »

Aaaaarg ! Le salaud ! Tout était calculé ! Je me vengerai…

 

L’Ambassadeur nous a accueilli à bras ouverts au milieu de ses autres convives :

« Ah! Voilà la maternelle de la Diplomatie qui arrive ! »

Du grand salon où j’ai eu le plus grand mal à me procurer une coupe de champagne (il n’y en a qu’une par plateau entre verres de vin, bière, whisky, jus d’orange, et jus de tomate alors il faut être HYPER rapide), nous allons dans la salle à manger transformée en salle de conférence.

A part le moment où Gégé a reconnu, en réglant péniblement le micro quelques centimètres plus bas, que c’était la première fois qu’il cédait la place à plus petit que lui, le reste de la soirée était chiant à mourir. Tandis que la nouvelle oratrice discourait, le mauvais « Chaplin » indien projeté sur la toile du fond répétait encore et toujours les mêmes scènes. La première diffusion n’était pas inintéressante. La troisième fut lassante et la cinquième exaspérante, d’autant qu’avec les coupures et les sauts de pellicule on y comprenait rien du tout. Au micro, le professeur Sibylle BELLANGER nous expliqua que le film faisait deux heures à l’origine mais qu’on en présentait ici qu’un extrait : éclats de rires dans la salle. Mais à voir de quelle façon Sibylle poursuivit sa conférence, ce n’était pas du second degré. A l’unanimité, les spectateurs s’ennuyaient, attendant de pouvoir reprendre une activité normale de champagne et de poignées de mains. Sibylle ne s’en rendait pas compte, et la voilà qui nous invitait à regarder une fois de plus la vidéo, cette fois-ci accompagnée de ses commentaires… Complètement perchée la pauvre !

La culture c’est important, mais ce n’est pas en la rendant mortellement chiante qu’elle risque de subjuguer les gens. Sibylle, nous ayant déjà sérieusement cassé les couilles, se proposa de les réduire en poudre en suggérant une nouvelle diffusion du film à présent qu’elle avait trouvé comment activer les haut-parleurs… Surgissant alors à ses côtés sur l’estrade, Gégé nous sauva les oreilles et les nerfs en proposant qu’on laisse la possibilité à qui voudrait, c’est à dire tout le monde, de retourner dans le grand salon.

 

Mais bien que leur envie à tous de fuir eût été palpable, beaucoup d’invités sont allés trouver Sibylle pour la féliciter. Tant d’hypocrisie m’avait choqué jusqu’à ce que je me demande moi-même comment je réagirais à la critique, lourde mais juste, d’une de mes tentatives artistiques : mal sans doute, au point de tout envoyer ballader. Et tout à coup, je me rends compte d’où vient cet égocentrisme exacerbé des artistes que je déteste tant : cela vient de ce que leur métier, c’est de produire quelque chose qui plait, et si on ne leur renvoie pas constamment le sentiment que leur œuvre est appréciée, ils perdent le moteur de leur créativité. C’est ce qui m’arrive quand je dessine ou quand j’écris : la moindre critique peut me faire abandonner le projet, parce que je n’ai pas suffisamment de confiance en moi pour le porter tout seul. Voilà pourquoi le monde de l’art commenté par des artistes est toujours formidable même quand c’est nul. Un bel exemple de solidarité et de respect, quand ce n’est pas simplement de l’hypocrisie.

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 13:11

bagarre

La énième rédaction de Trompidouf (devenu "Indiana Tom") avance bien. Je me rapproche à grand pas de la fin... Ce faisant, voici encore un passage que je ne juge plus digne de fair epartie de l'oeuvre finale, mais qui est suffisamment travaillé pour que je le publie ici, en compensation des articles que, hélas, et pour le moment, je n'ai plus le temps d'écrire



Cependant que nous bavardions, une bande de jeunes indiens s’est aglutinée dans l’ouverture de notre compartiment et pousse à l’intérieur. En bordure de rangée, Polly subit des contacts de moins en moins innocents, mais qu’elle fait mine d’ignorer, tout en échangeant une moue convenue avec Alizé et Lucie. Les filles sourient. Je ne souris pas du tout. Il ne faudra pas attendre longtemps avant qu’un des Indiens lui fasse passer un bout de papier sur lequel il est écrit d’une main qui a miraculeusement résisté au secousses du train (à moins que le message ait été préparé avant ?) :

 

I think you are very nice. Can we be friends?

This is my email address: eroticstranger4u@wahoo.ind

Contact me

 

Polly montre le message et tout le monde éclate de rire, les filles en particulier. Mais pas moi. Je cherche son auteur des yeux, à présent dissimulé par la foule de ses camarades qui semblent ravis de voir la proposition de l’un d’entre eux aussi bien accueillie. ça redouble leur audace au point qu’ils n’hésitent plus à se pencher au-dessus du décolleté de Polly ni à le commenter, en hindi.

« Sexy baby ! » lance l’un d’entre eux et c’est cette occasion que je prends pour me lever de mon siège, mais je ne saurais dire si c’est le corps où l’esprit qui a fait le choix.


« What did you say ? » grinçé-je des dents. La bouche qui a trop parlé est muette à présent, quoique légèrement entrouverte, aucun son n’en sort plus. Les lèvres sont minces et plutôt bien dessinées, les dents sont blanches et presque alignées, la langue est rose. J’en vois tous les détails et ceux du visage me parviennent en une masse compacte que je trie sans efforts en une fraction de seconde. La carrure du jeune homme, la douceur de ses traits, la distance qui nous sépare l’un de l’autre… J’ai intégré toutes ces informations à l’instant où j’ai posé sur lui mon « regard-qui-tue », une odieuse grimace mélange de colère et de haine qui contracte mes muscles faciaux et m’ouvre grand les yeux pour leur permettre d’analyser ma cible. C’est un gamin. Derrière sa silhouette dont je guette le moindre mouvement pour bondir, j’entrevois celles de ses amis, serrées les unes contre les autres. Certaines sont de taille supérieure à la mienne, mais ça on verra plus tard, pour l’instant je n’ai qu’un adversaire et c’est d’abord un adversaire psychologique.

 

Mais qu’est-ce que je fais là ? Debout, face à une douzaine de jeunes indiens, je suis prêt à en découdre. Par fierté sans doute, j’évite de questionner la légitimité de ma réaction. Il est trop tard pour se rasseoir. Elle s’est produite sans que j’y puisse rien de toute façon : je me rappelle avoir vaguement réfléchi à un moyen d’enrayer la course des évènements, et puis avoir entendu ce « sexy-baby » qui a actionné mes jambes. Désormais tout dépend de mon vis-à-vis. Les rapports humains ne sont pas très compliqués, nuances et emballages de formes mises à part, il s’agit d’une mécanique simple et répétitive, succession d’actions et de réactions facilement prédictibles pour qui s’alloue un peu de clairvoyance. ça vaut dans tous les domaines. Dans un rapport de force, en l’occurrence, l’ensemble devient carrément élémentaire. Soit tu te couches, soit je te cogne. Fais bien gaffe à ce que tu vas dire ou faire parce que rien ne dépend plus de ma raison mais des interprétations de mon instinct. La colère et la haine qu’expriment mon visage sont artificielles, elles donnent le message, mais je peux les faire surgir en un éclair si tu cherches la confrontation. Que décides-tu ?

Le garçon met du temps à réagir. Je perçois un mouvement de son bras, trop lent pour être une menace. Il semble indiquer quelque chose. Je détache mon regard du sien et suis son doigt pointé en direction de mon siège. Sa bouche profite de ce que mes yeux l’aient quitté pour parler :

« Sit down. »

C’est le signal.

Il utilise l’impératif. En somme il me rabroue, il se moque : il m’enjoint de regagner la banquette en méprisant mon autorité pour amuser ses potes. Il y a peut-être une autre interprétation mais je n’ai pas le temps de l’étudier, ça va trop vite. Les battements de mon cœur accélèrent. Un frisson me parcourt l’échine. L’ombre s'allonge sur mon discernement. Je me charge d’électricité. Une sensation d’invincibilité s’empare de mon corps. Je la connais bien, c’est là même qui m’envahit avant l’orgasme, ou l’exploit sportif, avant de frapper : c’est ma puissance, libre de se déployer jusqu’au plafond de sa capacité en oubliant toutes les barrières qui la retiennent au quotidien, celles qui m’ont été inculquées dans l’enfance pour que j’évite de casser la vaisselle ou de faire mal à ma petite sœur. Tous mes gestes sont dépossédés du poids de ces consignes à présent et je vais me mouvoir dans l’espace sans me préoccuper des dégâts que ça pourra causer. C’est absolument grisant d’être entraîné par le désir primaire de la destruction. Je vais le laisser faire. Comme jadis j’aurais pu m’acharner à coup de pieds sur un château de sable rien que pour le plaisir de le voir s’effondrer, mes doigts guidés par lui se recroquevillent dans la paume de ma main, mon bras se rétracte : je vais transformer lèvres, dents et langue en une vaste bouillie sanguinolente.  « C’est injuste pour ce jeune homme » « En d’autres circonstances nous pourrions devenir amis » « Et après, qu’est-ce qui va se passer… ? » sont autant de pensées qui ne me traversent pas au moment où je libère mon souffle et le ressort de mes muscles. Mon poids bascule vers l’avant… Ce faisant, mon épaule gauche rencontre un obstacle inattendu. Ce n’est pas vraiment un obstacle d’ailleurs, ses cinq branches posées sur ma peau sans y faire peser la moindre pression, c’est une main, de celle qu’un ami aurait pu poser là, sauf qu’elle appartient à un petit Indien du groupe. Je m’arrête dans mon élan.

« Sorry Sir, my friend doesn’t want to offend you and think you should go back to your sit, he will not annoy your lady anymore. »

La nouvelle me fait un électrochoc. A présent je comprends ce qu’il a voulu dire par « sit down ». Une formule maladroite, mais peut-être ne parle-t-il pas bien l’anglais ? Quoiqu’il en soit je ne peux pas être allé si loin et me rasseoir sans obtenir au moins des excuses. Même s’il m’est impossible d’expliquer l’emploi du verbe « pouvoir » dans la phrase précédente, j’en exige, et plus vite que ça.

Le jeune homme s’excuse et je me rassois, ignorant, avec sagesse cette fois, des rires du fond de la troupe qui suggèrent que j’ai été facile à calmer. Les rires se généralisent d’ailleurs, mais pas que chez les Indiens, mes potes aussi se marrent, jugeant ma réaction plus ou moins excessive. Lucie entame une conversation cordiale avec les Indiens et tout le monde s’y met, sauf moi bien sûr, non que je ne le veuille pas mais je me sens un peu gêné maintenant. Alors je réponds des sourires un peu niais à ceux qui m’adressent le regard, c’est mieux que de m’enfermer dans mon personnage belliqueux.

Lorsque les Indiens descendent du train, nous ayant chaleureusement salué, Lucie se tourne vers moi pour me demander, malicieusement : « Ca va Thomas ? »

De nombreux commentaires suivent. C’est celui de Polly qui m’énerve le plus : « Damn Tom ! Tu es vraiment violent ! »

Evidemment on est en pleine vague de métro-sexualité alors un homme qui se bat pour défendre l’honneur d’une femme c’est « has been », franchement.

Moi je suis violent ?! Ca va oui, faut arrêter de déconner !

Si c’est vrai ! Et tu toujours en train de raconter tes bagarres !

Aurélien émet un petit rire qui attire mon attention au point qu’il se sente obligé de commenter :

« T’es pas violent Tom, mais c’est vrai qu’on connaît toutes tes bagarres… Tes histoires de rugby etc… »

Bien sûr, j’ai eu très envie de casser la gueule à tout le monde dans les minutes qui ont suivi, mais ce n’était pas le moment de donner de l’eau au moulin. Je me suis donc tu pour réfléchir un peu. Avoir la capacité de me battre, je n’avais jamais considéré cela comme une tare et je n’allais certainement pas changer d’avis. Mais passer pour quelqu’un de violent ne me plaisait pas du tout. Pourtant il fallait bien reconnaître que ma démonstration de tout à l’heure allait droit dans cette direction. Ce jeune homme était beaucoup moins fort que moi, et pourtant j’avais été sur le point de. Pourquoi ? La réponse n’est pas si simple, elle parcourt toute l’histoire de ma vie lorsque vient le moment de frapper.

La bagarre j’ai commencé très tôt, en maternelle. On se battait à coups de pieds. A l’école mon père m’avais pris entre quatre murs pour m’avertir de me calmer. Je n’étais jamais méchant alors il me l’avait dit gentiment, mais il fallait que j’arrête de m’impliquer dans ce genre de choses, sauf si je devais me défendre. A cette époque, la bagarre n’avait pour moi rien à voir avec la violence, c’était simplement une façon d’imiter les aventures de mes héros préférés et de tester ma valeur et mon courage. Au collège je m’étais calmé, au point de ne plus savoir me défendre contre qui que ce soit, y compris contre de petits merdeux capables de me tyranniser durant toute une année. Et puis j’avais commencé le rugby où la bagarre était réservée au terrain. Mais parfois elle débordait un peu lorsque la bière des troisièmes mi-temps débordait aussi. Je ne suis pas mauvais garçon alors je n’ai jamais agressé personne, mais disons que j’ai parfois été un peu rapide à légitimer une riposte, avec ou sans succès. Je dois dire qu’à traîner en compagnie de mes coéquipiers parmi lesquels j’étais souvent le moins costaud, il était important pour moi de montrer que je n’en étais pas pour autant le moins prêt à la friction… C’est un peu triste finalement toute cette histoire.


Je regardais Hieros par la fenêtre. S’aimer soi-même et ne pas faire chier. Il était allongé sur le dos, à l’extérieur, comme porté de l’avant par la vitesse du train. Il avait un brin d’herbe dans la bouche et les yeux vers le ciel. En fait pourquoi est-ce que je me battais si ce n’était pour prouver que j’en étais capable ? Mais maintenant je savais que j’en étais capable, et mes amis, je leur avais raconté suffisamment d’histoires à ce sujet, le savaient aussi. Alors à quoi bon ? Et puis se battre quand on n’y est pas forcé, ça a quelque chose de lâche. Parce qu’à moins d’être masochiste, on ne s’engage dans le combat qu’à condition d’avoir de bonnes chances de gagner, ce qui implique qu’on agirait différemment contre plus fort que soi. Je ne pouvais pas l’affirmer pour ne pas avoir été mis à l’épreuve mais j’avais l’impression d’avoir perdu l’envie de me battre, complètement. La « nécessité de me battre », serait l’expression exacte. En repensant à mon année de beuverie rugbystique qui resterait au demeurant un souvenir exceptionnel, je venais de perdre aussi la nécessité de boire, et même la nécessité de prouver quoi que ce soit dans peu importe laquelle des disciplines censées établir que j’étais un homme. A vingt-cinq ans je terminais mon adolescence. Baste, ce n’est pas si tard quand d’autres n’en finissent jamais.

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