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7 août 2009 5 07 /08 /août /2009 13:32

Bonta BrakmarVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Je me trouve actuellement loin de mon réseau internet habituel et j'ai bien du mal à poster mes articles quotidiens. Je continue à les écrire cependant, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas une baisse de productivité!



Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode III
Chapitre 9ème : Une décision inattendue

 

Dans la salle du trône où siégeait Madreselva, Zeurg était prosterné. Anyou se tenait debout à ses côtés. Il y avait foule autour d’eux, comme d’habitude en cas d’assemblée ordonnée par la Cheffe du Clan : Anyou avait terminé son récit et c’était sa mère qui parlait à présent, tout en caressant machinalement le crâne du dragonnet tapis à ses pieds.


- Il est inhabituel que des soldats fréquentent nos contrées. Il faudra remercier Neuthr pour son intervention. Je vois qu’il ne désespère pas de conserver l’indépendance d’Amakna. Si seulement on pouvait en dire autant d’Allister

- Mère… s’autorisa Anyou.

- Je ne t’ai pas donné la parole.


Anyou hésita, certains membres de l’assemblée paraissaient contrariés qu’Anyou bouscule sans cesse le protocole. Ils pâliraient s’ils connaissaient par avance les mots qu’elle s’apprêtait à prononcer. D’ailleurs Anyou se lançait : « Mère. Je veux aller à Bonta ».


Stupeur dans l’assemblée. De surprise, Madreselva avait stoppé net ses caresses au dragonnet. Un brouhaha croissant monta bientôt des tréfonds du rocher. Il se dissipa lorsque Madreselva leva l’index pour imposer le silence :


« C’est d’accord. »


La surprise fut générale. Madreselva sourit. Elle regarda sa fille droit dans ses yeux qui ne la voyaient déjà plus : Anyou s’imaginait aux côtés de Vanthar.


Zeurg avait le souffle coupé par l’étonnement. Quid de la succession ? De la formation d’Anyou qui venait à peine de commencer ? Des risques du périple ? Lorsque l’assemblée aurait quitté la salle du trône, Zeurg demanderait les raisons de sa décision à sa Reine, non sans supplier le fouet pour l’impertinence de sa question.


« Le voyage est le meilleur des maîtres. » lui répondrait-t-elle alors, avant de le corriger comme il le méritait.


***

Cité de Bonta : un petit groupe de Seigneurs était rassemblé au pied de la Tour des Ordres. Vanthar, casque sous le bras, leur donna des instructions qui avaient le mérite d’être claires :


« Exposez le corps place du marché, que tout le monde le voit. Dites qu’il s’était égaré dans les plaines de Cania, ça divertira la foule. Mais pas un mot sur notre rencontre avec Anniki, à qui que ce soit. Pas même Amayiro. Surtout pas Amayiro. Sinon, vous tiendrez compagnie à notre ami, place du marché. »


Vanthar plongea son regard d’acier dans les yeux de chacun de ses subordonnés. Assuré de leur silence, il pénétra ensuite dans la Tour de Bonta, au sommet de laquelle l’attendait Monseigneur Danathor, disciple de Jiva, Intendant de Bonta, et homme ambitieux, s’il en était.


Vanthar mit genou à terre.


- Monseigneur.

- Capitaine.

- Nous n’avons rencontré que deux Brâkmariens…

- Je m’en doutais, maugréa Danathor, Amayiro devient vieux, il n’a plus toute sa tête et surestime notre ennemi. Sans compter qu’il ne cesse de mettre un frein à toutes mes initiatives…

- …mais Anniki était avec eux. » Vanthar marqua un temps. Danathor leva un sourcil, étonné. « Elle ne devait pas être là par hasard. »

- Peut-être pas, coupa le prêtre, mais tu sais comme moi que la réussite de Brâkmar n’est pas le principal souci d’Anniki. Ses propres intérêts lui sont chers avant tout.

- Monseigneur, elle était accompagnée d’éclaireurs de l’armée régulière…

- Et alors ? Elle les aura corrompus sans doute !


Danathor délaissa la fenêtre près de laquelle il aimait à s’appuyer, ce qui lui permettait d’observer l’activité fébrile de la Cité blanche tout en conversant. Il s’approcha de Vanthar, toujours genou à terre, et posa une main paternelle sur son épaule.


« Ne t’en préoccupe pas Vanthar. Tu sais que je vois en toi le successeur d’Amayiro ? Fais-moi confiance. Et parlons plutôt de tes prochaines campagnes… Dans les landes de Sidimote, c’est ça ? »


Danathor releva Vanthar et passa son bras sous le sien pour l’entraîner jusqu’à la fenêtre.


« Regarde Bonta ! N’est-elle pas magnifique vue d’ici ? Je veux que le front soit le plus éloigné possible de notre belle Cité ! »


Vanthar n’avait rien à redire aux propos de Danathor. Bonta était blanche, Bonta était belle. Il était fier d’en assurer la protection, du quartier des tailleurs à celui des bijoutiers, de la Porte du Levant à la Porte Sud, cette même porte qu’une petite Osamodas s’apprêtait à franchir, escortée par un étrange cochon-chat volant.


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5 août 2009 3 05 /08 /août /2009 11:30

Bonta BrakmarVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Je me trouve actuellement loin de mon réseau internet habituel et j'ai bien du mal à poster mes articles quotidiens. Je continue à les écrire cependant, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas une baisse de productivité!



Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode III
Chapitre 8ème : L'éclairage manquant

 

« Bravo fille de Cheffe ! » s’exclama Zeurg qui virevoltait autour d’elle. « Vous vous en êtes très bien sortie aujourd’hui, sacré coup de pied !

- Je crois que j’ai failli mourir Zeurg…

- Pour un coup de pied ? Oh non ! C’est plutôt moi qui…

- Comment ça Zeurg, tu n’as pas vu ? Les éclaireurs, les cavaliers, le chevalier Neutrh… Tout ça ?

- Allons fille de Cheffe, qu’est-ce que vous me racontez-là ?

- Mais enfin ! Quand tu es arrivé tout à l’heure, tu as bien crié « j’arrive à la rescousse » ? Tu es venu pour essayer de me sauver, non ?

- Ah mais pas du tout ! Vous sauver de quoi ? J’ai crié « Attention à la secousse ! ». Quel fantastique coup de pied fille de Cheffe, j’en ai encore le coccyx en ébullition !


Anyou avait du mal à croire ce qu’elle entendait. Ce qui était certain en tous cas, c’est qu’un grand nombre de choses lui échappaient complètement.


- Peut-être que nous devrions continuer la leçon de ce matin Zeurg…

- Un autre coup de pied ?

- Non. Je te parle de ce que tu disais sur Bonta, Brâkmar, le monde etc. L’histoire et la géographie. Ca m’aiderait peut-être à comprendre ce qui s’est passé aujourd’hui…

- Vous avez vraiment rencontré le chevalier Neuthr ?


Anyou hocha la tête.


- Alors c’est que vous avez aussi croisé les soldats de l’une ou l’autre des deux Cités en guerre… ?

Anyou confirma. Zeurg avait l’air soucieux. Il jeta un coup d’œil à la clairière saccagée. Il y avait des cratères un peu partout, les larges empreintes d’un troupeau de dragodindes et des traces de sang par endroit.


« Gloups. » constata-t-il « On ferait peut-être mieux de rentrer… »


Sur le chemin qui les ramenait au Clan, Anyou songea aux dernières paroles du chevalier. Qu’avait-t-il voulu dire ? Ce pouvait-il que Zeurg et lui se connaissent ? Que Zeurg lui cache quelque chose ? Ou bien le chevalier les avait-ils épiés, un peu plus tôt ? Après tout, il avait mentionné l’existence de Baalthor… Et si c’était le cas, à quoi faisait-il référence avec ses conseils ? Toutes ces questions trouvèrent un oubli total dans le souvenir du beau visage de Vanthar. Quel homme ! Neuthr avait beau dire, c’était à Vanthar qu’ils devaient la vie sauve. Un vrai héros de conte ce Vanthar ! Anyou s’imaginait déjà en train de lui passer la laisse au cou : c’était toujours comme ça que mère procédait avec ses papas.


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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 13:19

Bonta BrakmarVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Si je n'ai pas suffisamment de retour je cesserai la publication, tout l'intérêt de celle-ci étant de savoir quel intérêt présente le texte aux yeux des lecteurs.



Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode III
Chapitre 7ème : Le Chevalier Neutrh

 

Anyou était perplexe. Devant elle, le chevalier Neutrh, miraculeusement intervenu pour lui sauver la vie, tenait tête à deux éclaireurs brâkmariens. C’était la première fois qu’elle rencontrait un garde d’Allister aussi courageux. Elle lui devait beaucoup. Se tournant vers Anniki, la Sram qu’elle rendait responsable de la situation, elle prédit, menaçante :

« Voilà ! C’est bien fait ! Les gardes d’Allister n’interviennent jamais seuls, ses copains vont arriver et tout sera fini pour vous… »


Anniki éclata de rire :


- Un garde d’Allister ! Tu entends ça Neutrh ?

- Oui, confirma le chevalier, apparemment embarrassé par les propos d’Anyou (à moins que les deux guerriers qui lui tournaient autour ne le mettent mal à l’aise).


« Tu n’as rien compris petite. » s’amusa Anniki. A l’écart des trois combattants, elle s’intéressait au dernier des corbeaux géants qui s’étaient plantés dans le sol et, ce faisant, récita à l’intention d’Anyou :  « Le chevalier Neuthr agit toujours seul, au service de son idéal... »


« Bien dit ! » ponctua le chevalier qui venait d’éviter un premier coup d’estoc.


« Ce qui m’étonne surtout c’est qu’une petite Osamodas comme toi espère quoi que ce soit de la garde « royale » (Anniki prononça le mot avec une ironie évidente). Je croyais le Clan en froid avec « Sa Majestée ? » Elle ôta une plume du corbeau géant qui disparut aussitôt. Anyou l’observait, sur ses gardes. Elle s’étonna qu’Anniki connaisse l’existence du Clan, voire son différent avec les Amakniens, mais ce qui la sidéra franchement fut son regard bleu, triste et vulnérable qui ne changea pas d’expression lorsqu’elle lança, glaciale, à l’intention des soldats : « Oto Mustam a mis trois cent cinquante mille kamas sur la tête de Neuthr. Qu’est-ce que vous attendez ? »


Un hurlement précéda le premier assaut digne de ce nom. Le chevalier para. Sans détacher sa lance de la lame qu’elle contrait, il utilisa le manche pour faucher la jambe de son adversaire. L’éclaireur perdit l’équilibre. Il n’eut pas le temps de tomber qu’un deuxième coup le frappait au bras. Le plus violent, porté avec toute la longueur du manche, le percuta au niveau du menton : Neuthr avait de nouveau désarmé le premier éclaireur. Le deuxième en profita pour lui planter son épée dans l’épaule, entre les jointures de son armure… Le chevalier poussa une sorte de rugissement, caverneux sous son heaume, puis il riposta en faisant basculer son adversaire.


« Oh ! s’exclama Anniki sur le ton de la conversation, tandis qu’elle se promenait dans l’ombre des arbres qui bordaient la clairière. « Serait-ce la fin du chevalier Neuthr ? »


Les deux soldats se relevèrent en rigolant (mais pas tant que ça pour celui à la mâchoire endolorie). Anyou était bouleversée : le rouge glissait sur l’armure de son sauveur, tachant son plastron et sa large barbe blanche, mais le chevalier semblait prêt à faire face, quel qu’en soit le prix. Il déclara : « Vous devriez peut-être y aller… »


Les Brâkmariens s’étonnèrent, puis rirent.


« Tu dérailles papy… » répondit l’un d’eux. Anyou sentit qu’il aurait voulu poursuivre sur une note humoristique : ça s’était vu au sourire en coin qu’il perdit lorsqu’une flèche le frappa au mollet. La douleur fut brève, rapidement endiguée par une pellicule de glace de plus en plus épaisse qui remonta rapidement jusqu’au niveau du genou. Le bras qui tenait l’épée fut touché lui aussi, par une seconde flèche… Au premier mouvement, les deux membres se brisèrent en mille glaçons. L’éclaireur donna l’impression de vouloir protester, il prononça quelques mots, incompréhensibles, puis s’évanouit avant de réaliser que, derrière le chevalier Neuthr, un véritable bataillon de cavaliers montés sur dragodindes s’extirpait du sous-bois : leurs têtes étaient surmontées d’auréoles plus ou moins floues et chacun d’eux avait une grande paire d’ailes translucides déployée dans le dos. Leurs écus, enfin, portaient les symboles bontariens.


Anyou n’était pas bien sûre de comprendre ce qui se passait mais la terreur qu’elle lisait sur le visage de ses ennemis l’inclina à penser que c’était plutôt bon pour elle.


« Des Bontariens ?! Alliés au chevalier Neuthr ?! » s’exclama le brâkmarien qui gardait bras et jambes, en proie à un désarroi certain.


« Je ne suis l’allié de personne » protesta Neuthr, toujours en garde.


« Il dit vrai. » Un cavalier venait d’avancer sa monture (une sorte de reptile haut sur patte, au long cou, et aux yeux exorbités complètement grotesques, mais dont la vitesse de pointe rivalisait avec celle des oiseaux de proies). C’était un disciple de Crâ, Déesse des archers. Il avait fort belle allure. « Mais pour une fois que Neutrh se rend utile on ne peut que l’encourager. » dit-il en ôtant son casque pour dévoiler sa chevelure de feu et son visage jeune et bien dessiné.


« Waaah ! Qu’il est beau !!! » s’écria presque Anyou, des cœurs au fond des yeux.


Le Crâ poursuivit : « Alors c’est ça les hordes invisibles de Brâkmar ? Danathor a toujours eu le goût des discours imagés. Qu’avons-nous là ? Un éclaireur unijambiste et manchot, un second qui ne va pas tarder à l’être, et… » Son regard se figea sur la Sram : « Anniki !? » Le Crâ était très surpris. A peine prononça-t-il son nom qu’Anniki invoqua une brume impénétrable et subite. Le Crâ décocha une série de flèches dans sa direction, mais il était trop tard : la Sram et l’éclaireur blessé avaient disparu. Restait le plus bavard qui s’était trop avancé.


« Lui, on l’emmène. » décréta le Crâ avec autorité. Il avait l’air mécontent tout à coup, ou inquiet. Un de ses hommes prononça quelques mots : un faisceau de filaments rouge sang se détacha de son torse pour agripper et attirer à lui le brâkmarien qui n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mouvement de fuite. Il fut ensuite ligoté à l’aide de liens plus conventionnels et hissé sur une dragodinde. « Tu vas nous révéler quelques petits secrets. » se réjouit le Crâ, « Quant à toi Neutrh… ». Le beau soldat n’avait pas l’air de vouloir annoncer une bonne nouvelle au chevalier songea Anyou. Mais elle n’en saurait pas plus car il s’était interrompu, coupé dans son élan par un léger bruit de métal qu’accompagna une foule d’exclamations rageuses : le prisonnier venait de rendre l’âme, la gorge tranchée par une main invisible.


 « Anniki ! » s’écria le Crâ « Elle est encore ici ! Vite ! Fouillez la forêt ! »


Délaissant Neutrh et Anyou, les cavaliers se dispersèrent en ordre : les Ecaflips, adorateurs du Dieu Chat, mirent le museau au vent tandis que les Srams brandissaient les lanternes magiques qui leurs permettraient de révéler l’invisible.


 « Hey ! Mais attendez !! Toi le beau là !! » Anyou se manifestait trop tard, la troupe était déjà partie.

« Mais pourquoi personne m’écoute aujourd’hui ?! » se plaignit-elle, s’adressant au chevalier Neuthr qui justement l’ignorait, tout occupé qu’il était à épousseter son armure.


« Grrr !! Ca suffit ce comique de répétition ! Il faut quoi pour avoir un peu d’attention ?! CORBEAU !! »

Un Corbeau géant s’abattit du ciel… Le chevalier l’esquiva d’un pas de côté mais pas Zeurg, qui avait choisi ce moment pour surgir de nulle part : « Me voilà ! C’est moi ! J’arrive à la rescousse!! AIE ! » eut-t-il le temps de crier avant d’être écrasé, la tête enfoncée sous une épaisse couche de terre qui couvrit le reste de ses mots : « Arfg qque mfé bon… »


 « Oh excusez-moi ! Je ne vous avais pas entendu, reprit le chevalier, c’est que je suis un peu dur de la feuille sous mon casque ! »


Quel étrange personnage pensa Anyou. Elle songea à le remercier, mais n’était-ce pas normal qu’un chevalier cherchât à sauver une fille de Cheffe, quasiment une « Princesse » comme c’était son cas ?


- Dites papy ! demanda-t-elle plutôt, Je veux savoir : comment s’appelle le cavalier à l’arc?

- Vanthar Fésastar, capitaine bontarien, disciple de la déesse Crâ. Répondit Neutrh avec dédain. Je crois que c’est tout ce qu’il y a d’intéressant à savoir sur lui, si ce n’est qu’il est dangereux pour tous ceux qui ne partagent pas ses opinions.

- Ah bon ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?

- Que la guerre entre Bonta et Brâkmar est une guerre de fanatiques et que je préfère ne pas m’en mêler. Voilà ce que je veux dire.

- Mais c’est quand même les Brâkmariens les méchants. Non ?

- Oh, je préfère garder un avis neutre sur la question.

- Ah bon, vous pensez que les Bontariens sont plus méchants ?

- Oh, je préfère garder un avis neutre sur la question.

- Vous répondez toujours la même chose. Vous vous payez ma tête ou quoi ?!

- Oh, je préfère garder un avis neutre sur la question.


Le chevalier s’éloigna d’Anyou pour aller rincer la plaie de son épaule dans la rivière. Anyou remarqua qu’il conservait son heaume lacé et sa lance à portée en toutes circonstances.


 « Drôle de bonhomme… » murmura-t-elle.


« Toi-même ! » répondit le chevalier qui l’avait entendu. « Ca n’est pas commun d‘invoquer des corbeaux de cette taille. Ton bouftou n’était pas mal non plus… Un bon conseil : écoute bien ce que te dit ton ami, ça s’arrangera. »


« Quel ami ? » s’étonna Anyou.


Le chevalier désigna du doigt quelque chose derrière elle : Zeurg, qui venait de dégager sa tête du sol dans lequel elle était coincée.


« Ca n’est pas mon « ami »… entreprit d’expliquer Anyou. Mais le chevalier avait profité de la seconde qu’elle le quittait des yeux pour disparaître. Anyou était perplexe. Décidemment, ce Neutrh avait le don pour susciter la perplexité.


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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 12:24

Bonta BrakmarVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Si je n'ai pas suffisamment de retour je cesserai la publication, tout l'intérêt de celle-ci étant de savoir quel intérêt présente le texte aux yeux des lecteurs.



Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode II
Chapitre 6ème : Mauvaise rencontre


Pendant ce temps là, à Bonta, la pure, le Général Amayiro avait sollicité une entrevue secrète avec Monseigneur Danathor. Les deux hommes avaient le poids des ans pour parure, l’un sous la cuirasse qui couvrait ses épaules, l’autre au bout du bâton clérical qu’il brandissait comme un sceptre. Leurs longues moustaches rousses et blanches, soigneusement entretenues, tombaient au-dessus de la carte sur laquelle ils étaient penchés. Amayiro, le plus âgé des deux et pas le moins sage, expliqua ses inquiétudes :


- Monseigneur, nos espions sont formels. L’armée de Brâkmar dynamise son recrutement. Quelque chose se prépare. 

- Vos inquiétudes ne sont pas nouvelles Général, vous êtes toujours sur le pied de guerre, c’est tout à votre honneur. Mais enfin, pourquoi s’alarmer ? Les plaines de Cania sont sous contrôle, elles offrent une vue dégagée sur plusieurs lieues autour de Bonta, ce qui court-circuite toute tentative d’invasion surprise.

- Monseigneur, si vous permettez : le danger est plus grand qu’il n’y paraît. Les plaines de Cania s’étendent au sud, jusqu’aux landes de Sidimote… » le couteau ouvragé d’Amayiro survola le papier « A l’est, elles couvrent tout le territoire qui nous sépare d’Astrub, une ville pleine de mercenaires, toujours prêts à mettre leurs épées au service du plus offrant…

- Où voulez-vous en venir Général ? Vous voyez bien que Bonta est protégée par tous ces territoires.

- Avec tout le respect que je vous dois Monseigneur, elle n’est pas protégée : elle est isolée. Qu’arriverait-il si les forces brâkmariennes parvenaient à rallier Astrub ? Elles bénéficieraient d’un contingent tout frais qui surpasserait largement le nôtre. »


Amayiro planta son couteau au travers de la carte et recula d’un pas. Il croisa les bras et conclut en lissant sa moustache :


- Une alternative alléchante à laquelle Oto Mustam, mon éternel rival, aura sûrement déjà pensé. Et s’il veut mettre ce plan à exécution, alors, il devra passer par là.


D’un geste de la main, le militaire invita Danathor à regarder l’endroit où il avait planté sa lame. Danathor constata qu’il s’agissait de la région d’Amakna, de la forêt qui avoisinait le village et, plus précisément, le hasard l’ayant voulut ainsi, d’une clairière avec un ruisseau où une jeune Osamodas essayait désespérément de faire obéir un bouftou géant au grand nombre de ses injonctions.


Au bord de la rivière, quelques animaux s’étaient rassemblés, curieux, pour observer le spectacle.


« Debout Baalthor ! En garde ! Tu es un bouftou de combat : debout, j’ai dit ! »


Depuis qu’il avait découvert la position assise, « Baalthor » n’en démordait pas. Il mâchait ce qu’il restait de comestible à sa portée puis se traînait en avant avec ses sabots antérieurs, jusqu’à toute nouvelle chose qu’il eut pu ingurgiter. Ecureuils et petits lapins éclatèrent de rire. Anyou s’énerva et les choisit pour cible :


« ATTAAAAQUE BAALTHOR !!! »


Hélas, Baalthor s’enfuit dans la direction opposée. Anyou eut juste le temps d’attraper sa queue pour le retenir, mais elle ne parvint qu’à lui arracher quelques touffes de laine. « Viens ici sale bête où je te coupe les cornes !! Obéis je te dis !!!! »


Sur le bord de la rivière, les animaux étaient tellement hilares qu’ils manquèrent de tomber à l’eau.


 « J’en ai marre ! hurla Anyou en dégainant son fouet, Pourquoi personne ne fait comme je lui dis ?! COUChé, MAINTENANT ! »


Tout à coup, pour une raison inconnue, Baalthor valdingua dans les fourrés… Propulsé en arrière par un énorme choc, il disparut dans un nuage de fumée semblable à celui qui l’avait vu naître.


A travers le rideau de poussière qui masquait de nouveau la clairière, Anyou perçut le son d’une voix.


 « Ca alors, vous avez vu ? Ce Bouftou Géant… C’était une invocation ! »


Un groupe de trois personnes fit son apparition. De toute évidence ils étaient à l’origine du coup qui avait fait chanceler Baalthor. Il y avait là deux hommes en armures légères rouges et noires, et une jeune femme, sans signe distinctif particulier si ce n’était le voile qui lui couvrait une partie du visage et que surmontaient deux très beaux yeux clairs : ils dégageaient quelque chose de doux, triste et vulnérable, qu’on ne s’attendait pas à trouver chez l’un des plus fameux assassins du pays… Anniki était une adoratrice de Sram, Dieu des voleurs. Elle était présentement accompagnée de deux éclaireurs brâkmariens. Mais tout cela, Anyou ne le savait pas.


- Regardez ! Une petite Osamodas ! s’écria le premier éclaireur, apparemment le plus bavard de la bande, Hahaha ! Ca n’est quand même pas toi qui a invoqué cette grosse bêbête… ?


Anyou recula, cherchant des yeux le retour inespéré de Zeurg.


- C’est dangereux les petites comme toi poursuivit le soldat, alors le mieux, c’est que tu grandisses pas.


Il s’avançait à présent, avec l’intention évidente de porter un coup à Anyou. Derrière lui, la Sram s’écria : « Non, attend ! » Mais avant qu’il puisse faire quoi que ce soit, Anyou, bien que paniquée, avait eu le temps de formuler une invocation : « CORBEAU!! »


Un point noir apparut sur le front du brâkmarien, grossissant à vue d’œil. Bientôt, une ombre le recouvrit de la tête aux pieds et le soldat eut tout juste le temps de bondir pour éviter la chute d’un gigantesque oiseau noir, lequel vint percuter le sol à l’endroit précis où il se trouvait.


Les yeux écarquillés, le guerrier regarda le corbeau, colossal et immobile, qui était planté par le bec à quelques centimètres de lui. Anyou partageait sa surprise. Elle n’en oublia pas pour autant de s’enfuir, tout en répétant « CORBEAU ! CORBEAU ! » aussi rapidement que son souffle le lui permettait.


« Vite, attrape-la ! » ordonna la Sram à l’éclaireur, sans cacher son air amusé tandis que le soldat poursuivait la jeune fille en évitant de peu les oiseaux géants qui s’abattaient sur son chemin.


Finalement, couvert de poussière, l’éclaireur rapporta Anyou, qu’il avait coincée sous son bras, jusqu’à ses deux compagnons. Il poussa un petit cri de surprise lorsqu’elle lui mordit les fesses avec fureur, puis la laissa rouler à terre.


« Intéressante cette petite. » constata la Sram avec un regard absent, « Mais dangereuse, incontrôlable… » conclut-elle en s’écartant. Derrière elle, l’autre soldat avait sorti son épée. Il en vérifia le tranchant et l’abattit sur Anyou… Un éclair de métal jaillit lorsque sa lame heurta l’extrémité d’une lance de fer. L’épée du soldat vola dans les airs : on l’avait désarmé.


Anniki n’eut pas besoin de tourner la tête pour deviner l’identité de celui qui venait d’intervenir. « Tu en as mis du temps… » estima-t-elle simplement.


 « C’est que vous n’êtes pas les seuls à faire du grabuge dans cette forêt. » répondit une voix grave, presque métallique. Celui qui avait parlé était revêtu d’une armure de plate complète. Ses mains tenaient fermement la lance avec laquelle il venait de sauver la vie d’Anyou. Son visage était protégé d’un heaume d’argent qui scintillait sous le plein soleil de midi. Il s’en échappait une barbe blanche, laquelle tombait en cascade sur la partie supérieure de son plastron.


« Mais qui… qui êtes-vous ? » bredouilla Anyou, encore sous le choc des évènements.

« Ah ! Merci ! J’attendais que quelqu’un me pose la question ! repartit le combattant, « Je suis : Neuthr. James Neuthr, chevalier errant, protecteur d’Amakna et de tous les sages qui refusent de prendre part à une guerre de fous qui ne connaîtra jamais de fin. »


« Tu es surtout un vieux fantôme ahuri qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, renchérit l’éclaireur qui venait de ramasser son arme, et puisque ces bons à rien de Bontariens ne sont pas fichus de t’éliminer, nous allons faire ça nous-mêmes. » ajouta-t-il en faisant signe d’avancer à son compagnon, lequel brandit son sabre à son tour.


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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 14:55

BouftouVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Je ne sais pas à quel point ce récit est susceptible de plaire aux joueurs, votre avis compte et m'aidera à savoir si je dois continuer. Laissez un commentaire!



Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode II
Chapitre 5ème : Exercice pratique

 

Quelques minutes plus tard, c’est un étrange duo qui arriva dans la clairière, celui de Zeurg virevoltant, trainant la jeune Anyou par la cheville et dans la poussière, tandis qu’elle lui assénait des coups de fouets en hurlant.

Zeurg relâcha Anyou et alla se poser sur une souche non loin. Maintenant qu’Anyou avait cessé de crier, ils pouvaient apprécier le calme serein qui régnait sur la clairière, auquel se mêlait, sans le troubler, la chanson d’un ruisseau voisin.

« Alors, fille de Cheffe, vous êtes nulle en géographie, vous êtes pitoyable en histoire, voyons ce que vous valez en magie. Travaux pratiques, leçon numéro un… »

Bien qu’Anyou fulminât d’entendre les commentaires de Zeurg, elle était trop impatiente de commencer les travaux pratiques pour protester. Elle se releva, s’épousseta et se prépara à jeter un sort :


- A moi la magie ! Un, deux, trois, j’invoqu…

- Non, non, non. L’interrompit Zeurg, Mais où avez-vous la tête fille de Cheffe ?


Anyou assassina la bestiole du regard. Zeurg n’y prêta aucune attention :


- La leçon numéro un consiste en une prière à notre Dieu, le plus grand de tous, Osamodas, qui a eu la bonté (et l’ingéniosité en ce qui me concerne) de nous donner forme. Sans cette prière quotidienne et matinale, sa magie nous est inaccessible. Chercher à invoquer quoi que ce soit avant cette prière ne sert donc strictement à rien.

- Même pas vrai. J’y arrive sans prière.

- C’est impossible, fille de Cheffe.

- Si c’est possible.

- Non.

- Si !

- NON !


Zeurg avait quitté sa souche d’un battement d’ailes pour coller son front cornu contre celui d’Anyou. Groin à nez, cornes à cornes, Maître et élève s’affrontaient du regard : s’il y avait bien une chose à laquelle tenait Zeurg, c’était le respect du aux Dieux. Anyou ne renonça pas et, se dégageant brusquement, elle cria : « A moi la magie ! Un, deux, trois, j’invoque… BAALTHOR ! Le bouftou de combat !! »


Une explosion se produisit, accompagnée d’un énorme nuage de fumée, comme si la famille Ingalsse venait de renverser l’intégralité de ses réserves de farine au-dessus de la clairière. Une odeur de souffre se répandit aux alentours tandis que la fumée s’élevait en colonne. On n’y voyait plus rien. Toussant, hoquetant, Zeurg parvint à s’extraire du brouillard en trainant Anyou, à demi asphyxiée, jusqu’à la rivière. Il la laissa tomber sur la rive, et lui à ses côtés, pour contempler le spectacle.


- Par les trois grands dragons rouges, fille de Cheffe ! Qu’avez-vous fait ?!


Anyou entrouvrit ses yeux larmoyants pour voir ce que leur révélait la brise chassant la fumée : il s’agissait d’une gigantesque boule de laine avoisinant les trois mètres de haut. Cette boule de laine était pourvue de cornes qui lui partaient de chaque côté à angles droits, et d’une bouche, gigantesque, avec des dents massives qui, à peine la fumée disparue, se mirent à dévorer tout ce qu’elles trouvaient devant elle. C’était bien un bouftou qu’Anyou venait d’invoquer, mais il était de taille.


- J’ai fait comme d’habitude Zeurg. Déclara Anyou une fois relevée. Ne soit pas surpris, je t’ai déjà expliqué le problème : mes invocations sont trop grosses.


Ca n’eut pas l’air d’aider Zeurg à revenir de son étonnement. Il restait bouche bée. Anyou le dépassa pour s’approcher du bouftou qui s’en prenait aux arbres à présent. Elle retira son fouet de sa ceinture et interpella son tuteur.


- Hey, « professeur », c’est le moment de m’aider !


Zeurg, encore sous le choc, rejoignit péniblement Anyou qui prenait position.


- Bon alors, c’est bon là ? Je tiens correctement le fouet ? Mouvement de haut en bas on a dit, hein ?


Mais Zeurg n’avait pas l’air de s’y intéresser.


- Anyou, il est impossible d’utiliser la magie d’un Dieu sans s’être d’abord connecté au flux qui en émane. C’est à ça que servent les prières… Tu me fais une blague là, pas vrai ?


Anyou fut surprise de s’entendre appeler par son prénom, ce que Zeurg, d’ordinaire, ne faisait jamais. Il avait l’air vraiment secoué le pauvre, et Anyou était impatiente de passer à l’étape suivante.


- Rhoo ! Mais oui je t’ai fait une blague Zeurg ! J’ai prié ce matin avant de partir. Haha ! Tu verrais ta tête ! Bon alors, ce fouet, j’ai bon là ?


Zeurg eut un moment d’hésitation avant de secouer vigoureusement le groin. Il se reprit :


- Ah c’est malin, fille de Cheffe ! On prend du retard avec tout ça. Bon. C’est un gros bouftou que nous avons là. Inclinez un peu le manche, restez souple sur le poignet. Il faut que ça claque, voilà, ça devrait être bon.


Anyou exécuta un mouvement ample du bras et le fouet claqua sur les fesses du bouftou qui leur tournait le dos. Au début il ne se passa rien. Le bouftou continuait d’arracher et mâcher des branches d’arbre. Puis, tout à coup, il s’arrêta pour émettre un bruit caverneux et sonore : un rôt, sans corrélation aucune avec le coup de fouet d’Anyou.


- Hmm, ça commence mal, fille de Cheffe. Faites voir un peu votre fouet ? Mais c’est un fouet de gamin que vous avez là !

- C’est que, à douze ans, beaucoup croient toujours que je suis une gamine.

- Pas faux, mais vous êtes la seule gamine connue à invoquer des bouftous grands comme une maison. Il va falloir qu’on vous équipe correctement pour vous permettre de surmonter votre handicap.


Anyou fit volte-face :


- Ca n’est pas un handicap Zeurg ! Au contraire, c’est comme… des superpouvoirs !

- Des superpouvoirs ? Haha ! Je ris ! (Zeurg rit) Il n’y a pas de pouvoir qu’on ne sache maîtriser fille de Cheffe, ce que vous avez là, c’est un handicap jusqu’à ce que vous en preniez le contrôle. Mais pour l’heure, vous ne savez même pas donner un coup de fouet!


Anyou rugit :


- Un coup de fouet peut-être pas, mais un coup de pied, si !


Et prenant son élan, elle infligea un violent coup de botte à l’arrière-train de Zeurg qui, projeté dans les airs, disparu quelque part, loin au-dessus de la forêt, sans autre forme de protestation qu’un long « aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah » qui alla en s’affaiblissant.

« Wahou ! » se réjouit Anyou, très impressionnée par sa propre performance. « Ca c’est du coup de pied… » elle regarda la pointe de sa botte puis les fesses du bouftou qui lui tournait toujours le dos. « COUCHE ! » hurla-t-elle en tapant de toutes ses forces. Le bouftou grogna et s’assit. Anyou, le cul par terre elle aussi, s’esclaffa de joie devant sa demi-réussite : « C’est la première fois qu’il m’obéit ! …enfin presque. »

 


Lire la suite - Chapitre 6ème -
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 21:43
Carte map DOFUS AMAKNAVoici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Comme prévu l'histoire sert le background de DOFUS et de nombreuses références seront faites à ses épisodes les plus importants.


Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode II
Chapitre 4ème : Leçon d'histoire


Le lendemain, de bonne heure, Zeurg avait emmené Anyou en promenade, pour sa première leçon. Ils marchaient depuis un long moment. Anyou en avait assez, mais Zeurg était intarissable.


« Il faut que vous sachiez, fille de Cheffe, que le « Monde des Douze », nommé ainsi en raison des douze Dieux qui y jouent de leur influence, est bien plus vaste que vous semblez le croire ! Ses frontières ne s’arrêtent pas à la Montagne des Craqueuleurs, elle-même dominée par le Mont Koalak, point culminant de notre continent situé à 3544mètres d’altitude. Il y a au-delà des terres habitées, au nord comme au sud. Allons, vous avez déjà entendu parler de ces deux grandes cités, Brâkmar la démoniaque et Bonta la pure ? Non ? Oh oh, que vous êtes sotte ! »


Anyou planta son regard le plus meurtrier dans les yeux jaunes et pétillants de celui qui était devenu son précepteur : un cochon-chat volant masochiste. Elle se demanda quelles choses vraiment intéressantes ce truc là pourrait bien lui apprendre. En attendant, la bestiole ridicule se complaisait dans son nouveau rôle, et Anyou n’avait jamais connu situation plus énervante.


- Brâkmar fut fondée en l'an 12 et en une seule nuit, » poursuivit Zeurg, « au nom de Rushu, le Roi des démons et par l’entremise de Djaul, son serviteur dévoué. Bonta fut fondée peu après pour contrer l’expansionnisme de Brâkmar. La guerre que ces deux grandes cités se mènent n’a jamais cessé depuis. C’est l’éternel combat des Dieux et des Démons, du Bien contre le…

- Mais on s’en fiche Zeurg ! coupa Anyou. Mère t’a demandé de m’enseigner ce qu’une fille de Cheffe doit savoir, pas tes histoires de démons rushtruc et djaulmachin !  Alors apprends-moi des choses utiles ! Apprends-moi la Magie, si tu peux… conclut-elle sur un air de défi.


Une étincelle passa dans les yeux de Zeurg qui virevoltait toujours à mi hauteur, puis il reprit, comme si de rien n’était :


Bien sûr, vous vous demandez pourquoi les Dieux n’ont jamais cherché à couper l’arrivée du flux magique qui les reliait à Brâkmar, privant ainsi les guerriers ralliés aux démons de leurs pouvoirs habituels. La vérité c’est qu’il y eut une tentative, en 505, qui conduisit les démons à développer leur propre science des sortilèges aux résultats destructeurs et imprévisibles, suite à quoi les Dieux préférèrent rétablir le flux et se désintéressèrent des conflits humains… AIE ! Que c’est bon… 


Anyou venait de faire claquer son fouet dans le dos de Zeurg.


« Obéis-moi créature ! Car je suis l’héritière de Madreselva, Cheffe du Clan du fouet d’Osamodas !! »


Les doigts largement écartés, la main tendue dans la direction de celui qu’elle essayait vainement de commander, Anyou avait adopté une position autoritaire et dominatrice. Zeurg apprécia d’un sifflement.


« Bravo, fille de Cheffe ! Très impressionnant ! Mais nous n’avions jamais douté de vos aptitudes à froncer les sourcils. »


Zeurg agita les siens de manière provocatrice.


- Grrr, ça suffit, j’en ai assez de marcher, pesta Anyou en laissant retomber sa main, vaincue. Zeurg, s’il te plaît, entraînons-nous ici ! 

- Votre mère à suggéré de nous éloigner le plus possible des lieux habités, fille de Cheffe, pour vous éviter de renouveler l’incident de la dernière fois.


Anyou releva l’allusion.


- Je te répète que je ne suis pour rien dans ce qui s’est passé. Maintenant allons où ça te chante, à condition que tu m’y portes. 


Elle croisa les bras et tourna la tête tout en remontant sa lèvre inférieure, boudeuse.

Zeurg comprit qu’ils n’étaient pas sortis de l’auberge.

 


Lire la suite: Chapitre 5ème : Exercice pratique
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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 20:43
Voici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Il n'y a pas encore beaucoup d'action mais ça ne fait que commencer. On pose l'univers, les protagonistes, et l'aventure est à portée...

Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode I
Chapitre 3ème : Dans les tréfonds du Rocher Sacré

Le rocher avait été « aménagé » par les Osamodas : dans la pénombre de ses souterrains, de féroces créatures claquaient des mâchoires le long de couloirs mal éclairés de torches… Chaque recoin avait sa paire d’yeux jaunes pour surveiller les faits et gestes de qui s’aventurait par delà. De temps à autres, des rugissements se répercutaient de caves en caves, comme des coups de matraques furieux et menaçants. Un nyctalope aurait aperçu, dans chaque tunnel, les bêtes enragées qui lui servaient de gardiens.

Anyou suivait sa mère et n’avait pas peur : tout ça, c’était son univers. En tant que fidèle d’Osamodas, le Dieu créateur, elle avait l’ambition de commander à toutes les créatures vivantes. Plus tard, elle deviendrait une répercussion du pouvoir de son Dieu, aussi humble soit-elle. C’est ainsi que les Osamodas adoraient Osamodas, lequel, en contrepartie, leur accordait l’usage de sa magie. Difficile de dire s’il le faisait volontairement d’ailleurs, mais son pouvoir coulait sur le monde et ceux qui vivaient selon les préceptes du Clan et cherchaient à dominer les bêtes pouvaient s’en abreuver à loisir.

Il y avait bien d’autres Dieux, mais ça, Anyou s’en contrefichait. D’ailleurs personne n’était vraiment d’accord sur leur nombre.

- Assieds-toi Anyou.

Des bougies s’élevèrent au centre de la pièce où mère et fille venaient d’entrer. Elles s’allumèrent toutes seules, révélant les nombreux tapis de peaux qui recouvraient le sol. Madreselva s’assit sur son trône, taillé dans la carcasse du minotoror dont elle s’était fait un costume. Anyou s’installa au creux de la fourrure d’une grosse peau d’ours.

Pendant quelques instants, Madreselva s’attarda sur sa fille. Une mèche de cheveux blancs lui tombait entre les petites cornes qu’elle avait au front. Elle la rajustait de temps à autre en soufflant vers le haut, ce qui dévoilait alors ses sourcils noirs, aussi bien dessinés que l’était son caractère.
Les Osamodas sont des spécialistes du travail du cuir, et Anyou était vêtue en conséquence : elle portait la combinaison dont on affublait les enfants. Derrière elle, sa queue noire et pointue battait la mesure, fouettant la peau d’ours : Madreselva avait l’impression de se revoir, jeune.

- Anyou, entreprit Madreselva, le monde dans lequel nous vivons n’est pas aussi simple qu’il peut paraître. Ses lois sont complexes et sont souvent la conséquence d’une histoire tout aussi complexe…
- Vous voulez parler de la magie ? interrompit Anyou.
- Non. Pas les lois de la magie, il n’y a pas que la magie. La magie est une pratique qui sert à honorer les Dieux, à l’égal de ce que nous faisons de nos vies. Voilà pourquoi les deux sont intrinsèquement liés. Les lois dont je te parle sont celles qui régissent les hommes : en provoquant les Ingalsses, tu as réveillé une vieille querelle…


Anyou perdit son teint clair pour virer au rouge, on aurait dit une petite tomate en colère :

- Mais j’ai pas provoqué les paysans ! C’est eux qui ont fait peur à mon tofu au moment où j’allais… le maîtriser !
- Tu dois savoir que les Ingalsses n’ont pas toujours cultivé les champs voisins où, il y a peu, notre forêt s’étendait encore. Le village d’Amakna sur lequel règne Allister n’a pas toujours été là où il se trouve : les gens qui l’habitent sont venus d’une presqu’île, bien plus au sud, dont ils ont été chassés par les « dragoeufs »…
- C’est quoi un dragoeuf ? s’exclama Anyou, toute surprise d’entendre le nom d’une créature qu’elle ne connaissait pas encore.
- Ce sont des dragonides. A ce qu’on raconte ils n’auraient pas été créés par Osamodas (Anyou ouvrit la bouche grande comme une maison) mais par l’un de ses adorateurs… Tu peux comprendre l’hostilité des Amakniens à notre égard à présent.

Anyou n’écouta même pas la fin de la phrase de sa mère :

- Ca alors ! Mais je croyais qu’Osamodas était le créateur de toute vie sur cette terre ?!
- Eh bien, reprit Madresalva, il a créé les créateurs de ces créatures, alors tu vois, c’est tout comme.
- In-cro-yable ! s’extasia Anyou, alors ça veut dire que moi aussi je pourrais… ?
- Ca suffit. ordonna Madreselva, sur le ton de la colère, Je ne t’ai pas parlé de ça pour que tu renouvèles tes bêtises mais, au contraire, pour que tu te contrôles. Zeurg (il y eut comme un bourdonnement en provenance du couloir) sera ton précepteur. En tant que fille de Cheffe tu dois…


Zeurg déboula à toute vitesse dans la salle et se roula aux pieds de sa maîtresse :

- Vous m’avez appelé ma Reine ?
- Zeurg…
- Oh oui Maîtresse vénérable, répétez mon nom, encore et encore ! Moi qui ne suis qu’une crotte de tofu misérable pendue à vos pieds… Ohh Maîtresse ! Battez-moi ! BATTEZ-MOI !!
- Plus tard Zeurg. Je veux que tu t’occupes de l’éducation d’Anyou, qu’elle sache ce qu’une fille de Cheffe doit savoir et qu’elle prenne la pleine mesure des conséquences de ses actes. Vous pouvez disposer.

Anyou se leva, haussa les épaules et marcha droit vers la sortie tandis que Zeurg multipliait les révérences. Madreselva en profita pour ajouter, à son attention : « Fais aussi en sorte qu’elle invoque des tofus de taille normale. Toutes ces fantaisies commencent à devenir sérieusement embarrassantes. »

Lire la suite - Chapitre 4ème: Leçon d'histoire
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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 15:38
Le temple d'Osamodas (de nos jours) - Cette image est la propriété d'ANKAMA -Voici la suite du précédent chapitre (que vous pouvez lire ici). N'hésitez pas à vous manifester si ça vous plait ou si, pour, une raison X, ça ne vous plait pas. Le début tourne beaucoup autour de la classe "Osamodas",  mais ce ne sera pas forcément le cas de la suite... Il fallait bien commencer quelque part!


Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode I
Chapitre 2ème : Le Clan du Fouet d'Osamodas

Lorsqu’Anyou arriva sur le territoire du Clan, les cris de douleurs de Zeurg résonnaient toujours dans le lointain. Elle soupira de soulagement en apercevant le « Rocher Sacré » surmonté des statues des trois grands dragons rouges… Elle fut moins rassurée en constatant l’air mécontent qu’arboraient deux de ses pères.


" Où étiez-vous passée fille de Cheffe ? Nous nous apprêtions à partir à votre recherche. Zeurg a donné l’alerte… Il continue d’ailleurs."


Dans le lointain, les cris de Zeurg se faisaient de plus en plus stridents.


" Tiens, ça se rapproche on dirait. "


Alarmés, les membres du Clan se rassemblaient autour d’Anyou, comme sortis de nulle part. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes et tous, sans exception, portaient un fouet enroulé à la ceinture.


Bien que l’après-midi fût guère avancé, le soleil ne pénétrait pas partout à la lisière de la forêt : seules quelques bandes de lumières striaient le sous-bois que l’ombre tapissait de mousse et d’épines de pins, renforçant les nimbes d’effroi et de mystère qui auréolaient les habitants du lieu. On les connaissait sous le nom du « Clan du Fouet d’Osamodas ».


Mais craintes et superstitions n’étaient pas des obstacles de taille à freiner une bande de paysans en colère.


" Ca commence à bien faire vindiou, filez nous la môme ou payez c’que vous d’vez ! "


Leur meneur, Farle, tenait Zeurg, les yeux en croix, au bout d’une pique. Derrière lui, toute la famille Ingalsse brandissait faux et fourches d’un air menaçant.


" Commencez par libérer Zeurg. repartit le père d’Anyou, Ce n’est pas parce qu’il aime ça que nous allons tolérer que vous le maltraitiez ! "


Les Osamodas détachèrent leurs fouets de leur ceinture.


" Hop ! Hop ! Hop ! Doucement ! Arrêtez ! Au nom du Roi Allister baissez vos armes ! "


Comme sortis de nulle part, deux gardes royaux accouraient au petit trot. L’un était aussi long que la hallebarde qu’il devait régulièrement délivrer des branches d’arbres dans lesquelles elle s’emmêlait, l’autre, petit et rond, ajustait tant bien que mal sa ceinture qui ne cessait de glisser en même temps qu’il courrait. Ils arrivèrent tout essoufflés.


" Au nom du Roi… han Allister… Je vous somme de… euh… pas vous battre… "


Personne ne leur prêta plus d’attention. D’ailleurs, au même moment, Anyou s’écriait « Allez papas, massacrez-les ! » et la famille Ingalsse et le Clan firent un pas de plus l’un vers l’autre, tandis que le tofu géant d’Anyou bondissait à l’attaque…


Le fouet claqua trois fois.


Le premier coup mit fin à l’existence du tofu qui disparut dans un tourbillon de plumes.


Le second souleva la terre entre les deux factions prêtes à en découdre : la poussière ainsi projetée s’immobilisa en l’air, comme un mur de particules, tandis que le troisième coup de fouet claqua bien au-delà de la foule, attirant son attention sur un panneau de bois où il était écrit, en toutes lettres :


« SANCTUAIRE D’OSAMODAS »

-ne pas déranger-

 

Le silence retomba avec la poussière. Le fouet, qui se rétractait, y glissa, comme un serpent de couleur, jusqu’aux pieds de sa propriétaire.


« Mère… » Anyou ne l’avait pas dit fort. Pourtant, l’ombre qui s’avançait avec majesté vers le groupe à moitié craintif, à moitié ébahi, lui répondit aussitôt :


" Oui ma fille. Je vois que, comme d’habitude, tu nous amènes ton lot de tracas. Comme dans toute chose, ça a du bon et ça a du mauvais. Comme dans toute chose. "


Celle qui venait de parler tenait à la main le fouet rouge et vivace qui trépignait de ne pouvoir claquer davantage. D’allure altière, elle portait sur ses épaules l’imposante fourrure du minotoror qu’elle avait occis étant jeune. Son front en arborait les cornes et, quoique son visage portât les premières marques de l’âge, sa bouche, pareille à celle d’une jeune fille, commandait avec la vigueur de son arme :


" Osamodas, pliez vos fouets. Ingalsses, pliez bagages : le tofu est mort et vous avez châtié un innocent. Le compte y est. "


Farle Ingalsse n’aimait pas qu’on touche à son grain. Néanmoins, force était de constater qu’en passant ses nerfs sur Zeurg, il avait commis une injustice. Le compte y était-il pour autant ? Un rapide coup d’œil en direction du cochon-chat volant, qui suppliait ses tortionnaires de lui en remettre un coup, l’inclinait à penser que non… Mais ayant perdu l’intime conviction qu’il était dans son bon droit, Farle fit signe aux siens de lâcher Zeurg (qui les implora de n’en rien faire) et, maugréant, repartit à leur tête en direction des champs.


C’est à ce moment là que les deux gardes royaux, qui reprenaient leur souffle, réalisèrent qu’ils demeuraient seuls face à un Clan d’Osamodas hostile, lequel n’appréciait pas que Sa Majesté Allister envisageât d’étendre les frontières d’Amakna encore plus avant.


" Déguerpissez. "

" Quittez ce Sanctuaire. "

" Nous ne sommes pour rien dans l’invasion des dragoeufs ! Vous n’avez rien à faire ici… "


De vieilles rancunes remontaient à la surface. Les gardes prirent leurs jambes à leur cou avec encore plus d’entrain qu’ils ne l’avaient fait à l’aller, tout en maudissant leur équipement trop lourd, mal adapté à la fuite : une technique de combat qui avait pourtant la préférence de leurs collègues et d’eux-mêmes. Si les choses demeuraient en l’état, pensa le plus gros, Sa Majesté Allister devrait sérieusement songer à équiper ses maigres troupes de collants et de chaussures lestes plutôt que d’encombrantes armures.


Au milieu de la foule de ses compagnons en colère, Madreselva regardait sa fille et Anyou regardait sa mère, avec des yeux remplis d’admiration. Elle ne rêvait que d’une chose : pouvoir, à son égal, dompter bêtes et hommes, devenir une vraie cheffe, la digne héritière du Clan. Madresalva quant à elle, s’émouvait de ce regard, bien qu’imperceptiblement sous son masque de sévérité. Anyou avait le caractère bien trempé, comme une reine pouvait l’espérer pour sa fille. Elle n’avait en revanche aucune maturité et ne se doutait pas une seconde de la situation du pays, ni de la querelle qu’elle venait d’alimenter.


Son autre inquiétude, plus importante, concernait les pouvoirs d’Anyou. Ils ne ressemblaient à rien de connu : un fervent adorateur d’Osamodas pouvait invoquer quantité de tofus féroces, ça n’avait rien d’extraordinaire, mais des tofus de quatre-vingt kilos, ça c’était du jamais vu.


Le fouet rouge de Madresalva claqua sur le sol. Il était semblable à l’antenne, nerveuse et puissante d’un grand dragon rouge. Les Osamodas saluèrent leur Cheffe et Anyou la suivit dans les tréfonds du Rocher Sacré.

 


Lire la suite - Chapitre 3ème: Dans les tréfonds du Rocher Sacré
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18 juillet 2009 6 18 /07 /juillet /2009 14:24
Cette image est la propriété d'ANKAMALe background de DOFUS étant peu connu des joueurs, il a été question de le mettre en avant au travers d’une histoire qui prendrait les formes d’un roman épisodique publié chaque semaine. Il ne s’agirait pas de présenter toute la chronologie du Monde des Douze, déjà en grande partie visitée par les artbooks, mais de raconter une aventure, avec ses héros, ses secrets et ses rebondissements, qui se déroule dans l’univers que connaissent les joueurs et leur en explique les fondements. Malheureusement, le projet est sans cesse repoussé, car nous ne sommes pas certains qu’il intéresse la communauté dofusienne… En exclusivité, je publie ici le premier chapitre, n’hésitez pas à vous manifester si vous souhaitiez lire la suite !


Titre : BONTA vs BRAKMAR
PARTIE I : Anyou Whop
Episode I
Chapitre 1er : Amakna

Les épis de blés se balançaient au gré du vent sous le regard complice d’un épouvantail de paille et de papier. Le soleil brillait au-dessus d’Amakna, dans la tranquillité dorée de Fraouctor. Au loin, comme tous les jours à cette heure-là, le coucou géant du Temple de Xélor beugla qu’il était midi. Un groupe de paysans se précipita dans les champs en hurlant jurons et menaces, mais ça, c’était plutôt inhabituel.

- Attrapez-le ! Attrapez-les !
- Qu’on la pende, cette calamité !

Pendue ? Tapie au pied de l’épouvantail, dissimulée par une mer blonde de céréales ondulantes, Anyou avala sa salive en un gloussement sonore. Le tofu qu’écrasait son coude était d’une taille inhabituelle, il lui adressa un coup d’œil intrigué.

« C’est pas le moment de te faire remarquer », chuchota-t-elle à son intention « c’est la corde qu’on risque s’ils nous prennent… » précisa-t-elle en tirant la langue et en figurant, avec les mains, l’effet d’un nœud qui se refermerait sur sa gorge.

La grimace n’eut pas l’air d’impressionner beaucoup le tofu : il n’avait pas de cou.

Un tofu s’apparente normalement à une petite boule de plumes jaunes pourvue de deux pattes et d’un bec, mais celui-ci était une sorte de réplique géante de la version classique. Anyou l’avait invoqué quelques heures plus tôt, dans le bois voisin où elle avait l’habitude, chaque semaine, d’éprouver ses aptitudes magiques, celles que lui conférait sa dévotion au Dieu Osamodas, le Grand Démiurge, père de toutes les créatures du Monde des Douze. Hélas, chaque semaine, elle se heurtait au même problème : ses invocations étaient trop grosses et trop fortes pour elle. Elle avait beau jouer du fouet, rien n’y faisait… En l’occurrence et pour la énième fois, son tofu géant avait profité de la situation pour piller la grange de la famille Ingalsse, celle-là même qui leur donnait la chasse.

Le tofu émit un petit cri aigu tandis que son regard se troublait. Anyou lui aurait cloué le bec si elle avait eu un marteau… A défaut elle se contenta de fermer son clapet : « Chut je t’ai dit ! ». Mais quand, à son tour, elle entendit comme un battement d’ailes accompagné d’un mouvement d’air, elle comprit pourquoi le tofu avait gémi…


- Zeurg ?!
- Mais qu’est-ce que vous fichez ici, fille de Cheffe ?

Au-dessus d’elle, nettement visible par delà la cime des épis de blé, une petite créature de type porcin agitait les ailes de chauve-souris qui la maintenaient en l’air. Son corps était couvert d’un poil noir et soyeux, elle avait des cornes sur la tête, des yeux de chat, et un anneau à chaque téton : c’était Zeurg.

- Fiche le camp Zeurg ! Tu vois pas que tu vas nous faire repérer ?!
- Repérer ? Mais par qui ?

Zeurg jeta un coup d’œil désinvolte aux alentours et arrêta son regard vers l’ouest. De sa main cachant ses yeux aux rayons du soleil il commenta :

- Aaaah ! Vous voulez parler des paysans qui crient là-bas ? Holala, ils n’ont pas l’air content du tout ! Qu’est-ce que vous avez encore fait, fille de Cheffe ? Tiens ! L’un d’entre eux m’a vu. Il fait signe aux autres. Ah ! Les voilà qui approchent ! C’est étonnant comme ils courent vite malgré la hauteur des blés. M’étonnerait pas qu’il y ait de la magie là-dessous. Ohoh ! Le plus rapide brandit une fourche ! Ca doit faire mal ces petites pointes là… AIE !!

Les Ingalsses s’en prenaient à Zeurg, qu’ils avaient souvent vu traîner en compagnie d’Anyou. Tandis qu’ils le passaient à tabac, un sillon tortueux se dessinait à travers champs, filant à toute vitesse dans la direction opposée…

« Merci Zeurg… humph… Ton sacrifice n’aura pas été vain… han… »

Anyou détalait, à quatre pattes. Son tofu prit les devants et la souleva du bec pour passer entre ses jambes : Anyou s’accrocha à ses plumes et les voilà qui déguerpirent à une vitesse prodigieuse.

« Yes ! Combo ! se réjouit Anyou, Je vais appeler cette technique la « Magic Ride of the Giant Tofu !
» s’exclama-t-elle avant d’avaler quasiment toute une botte de blé au moment où son tofu plongea en un virage serré.

Lire la suite - Chapitre 2ème: Le Clan du Fouet d'Osamodas
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